Il y a la passerelle de l’Utopie dans les biseaux d’Odile Cornuz; il y a ces mains qui pensent si bien chez Rougemont; il y a ces escargots ivres de poésie et de pisse de chat chez Valérie Poirier; il y a Peseux emportée dans un tourbillon orchestré par Jarmusch chez Alexandre Caldara; il y a cette Tchaux où elle est née, prise dans une écriture touchée par la grâce et les fantômes, chez Saint-Hélier…
Il pourrait y avoir aussi la symphonie pastorale d’André Gide et les parfums de verticalité contrariée qui s’y déplient dans les environs de La Brévine, ou encore quelques nœuds de cette «Corde de mi» tressée magistralement par Anne-Lise Grobéty.
Des points de vue, les livres qui comptent – à savoir ceux qui nous aménagent de tréfonds en comble – nous en proposent à foison. Parfois en prenant trop la pose, parfois en gratouillant au contraire où cela nous indispose, mais toujours en nous invitant à marquer une pause; comme un «Pouce!!!» joueur et salutaire qu’on aurait sauvé de l’enfance. Une parenthèse où tenter de respirer plus large, plus haut, plus doux, pluriel.
Faire résonner quelques plumes aimées avec des brindilles et des miettes de ce qui se trame ou s’improvise dans une incertaine actu.
Voilà donc ce que j’aurai à cœur de vous proposer, dans ces colonnes à venir: faire résonner quelques plumes aimées avec des brindilles et des miettes de ce qui se trame ou s’improvise dans une incertaine actu, qu’elle soit alitée, ailée, hélée ou hallucinée.
J’apprécie tout particulièrement le point-virgule. D’aucuns le trouvent poussiéreux. Peut-être. Chaque marque de ponctuation, ou son absence, dit quelque chose de notre rapport intime à la langue. Le point-virgule est une respiration plus ample et un ami des listes. J’aime le sentir danser dans mon souffle et sur mes doigts, alors voilà ce que je vais tenter de nous inventer, puisque je ne suis spécialiste en rien mais attentif à pas mal de frémissements: un point-virgule de vue.