Par les temps qui courent il n’est guère recommandé aux politiciens d’accepter des cadeaux d’entreprises, fût-ce dans le cadre d’un lobbyisme en faveur de la culture, du sport et du social comme l’a fait récemment la Loterie romande en invitant une douzaine de parlementaires à un survol de la Patrouille des glaciers.
Les auditeurs de «La Matinale» de la RTS auront appris avec intérêt ce mercredi 16 mai que M. Claude Béglé, chef d’entreprise, directeur fugace de La Poste et conseiller national PDC vaudois, a eu le bonheur de découvrir enfin, au cours de cette escapade, à quel point les bénéfices de la LoRo étaient utiles au pays.
Le scandale n’est donc pas tant dans le fait que la LoRo invite des dignitaires à survoler une épreuve alpestre que dans celui de constater qu’il a fallu cette balade à un conseiller national pour apprendre que, sans les plus de deux cents millions distribués annuellement par cette institution, la Suisse romande serait aujourd’hui un désert culturel.
Tous ceux qui ont passé leur vie professionnelle à tirer les sonnettes pour mettre sur pied des événements publics se réjouiront donc de savoir qu’il a fallu emmener en hélicoptère un parlementaire national – de l’envergure mais aussi, disons-le, de la suffisance d’un Claude Béglé – pour qu’il «se rende compte que la LoRo a une véritable utilité publique».
Cela prouve, si besoin était, à quel point l’ignorance des réalités socio-culturelles est encore encyclopédique chez certains de ceux dont le peuple a fait ses mandataires à Berne.