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Point de vue de Jean-Pierre Jelmini: "Des carnavals de carnaval"

Samedi dernier, des pasteurs se sont offusqué que le Carnaval du Locle se déroule le samedi de Pâques. Cet événement inspire l'historien Jean-Pierre Jelmini. Découvrez son point de vue: comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

06 avr. 2018, 12:00
Le Carnaval du Locle s'est déroulé le week-end de Pâques.

Le pasteur Tolck s’indigne de voir le Carnaval du Locle s’ouvrir le jour du Vendredi saint. Je le comprends et je le respecte. Mais n’aurait-il pas fallu réfléchir plus tôt! C’est-à-dire au moment où des gens désireux de fêter la fin de l’hiver au cours de réjouissances publiques, ont choisi d’inscrire ces manifestations dans l’immémoriale tradition du Carnaval, laquelle n’a de sens que si elle est suivie d’un Carême conduisant le croyant vers la pascale résurrection.

L’étymologie la plus admise de ce nom étant «carnem vale» («Adieu la viande!»), il faut bien admettre que le Carnaval originel a été gommé des mœurs de nos contrées depuis l’implantation de la Réforme qui, en abolissant le calendrier liturgique, sacrifiait le Mercredi des Cendres et le Carême. 

Imaginer qu’on ait fêté cette année le Carnaval de La Chaux-de-Fonds le 24 mars, qu’on entame celui du Locle l’avant-veille de Pâques et que, pour comble, celui de Fleurier soit annoncé pour le week-end du 13 au 15 avril relève du surréel pour ceux qui aiment à connaître l’origine et la permanence des mots et des choses. A quand une Fête des Vendanges à Krasnoïarsk et une Fête du Froid (voilà une invention originale) en Arizona?

Sans contester ces réjouissances, il y aurait eu d’autres sources d’inspiration pour les nommer. En 1476, au lendemain de la victoire de Grandson, on institua à Neuchâtel la Fête des Bordes; fixée au premier dimanche de mars, elle perdura deux siècles. Ces festivités se déroulaient dans les rues où les habitants partageaient un repas. Les chroniqueurs ajoutent que «c’était chose fort ordinaire en ces temps-là de faire de ces sortes de confréries, tantôt par dévotion, tantôt pour se réjouir ensemble et pour raffermir les amitiés, enfin pour perpétuer le souvenir d’une victoire, comme dans cette occasion». 

Or, le retour du printemps n’est-il pas, chaque année, une victoire de la vie sur la mort!

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