L’annonce de la disparition de Photovision à La Chaux-de-Fonds marque une étape de plus du délabrement de l’offre commerciale en cette ville et plus particulièrement sur l’avenue Léopold-Robert. Premier responsable, dit-on: internet. Certes, mais internet n’existe pas sans internautes. La responsabilité de cette débâcle incombe donc à tous ceux qui, pour payer moins cher, achètent sur internet au lieu de contribuer à garder vivant le commerce local en se fournissant dans nos magasins.
Mais si internet semble être la raison principale de la disparition de Photovision, c’est un phénomène antérieur et à mon avis d’importance au moins égale sinon supérieure qui a été la cause première des difficultés des autres commerces sur l’avenue Léopold-Robert. En effet, il était évident pour toute personne sensée que, dès son inauguration en avril 1993, Métropole Centre allait chambouler tout le commerce local du fait de l’apparition soudaine de surfaces commerciales largement excédentaires par rapport aux besoins.
Peut-être est-ce plus commode pour le client qu’on regroupe sous le même toit, dans une sorte de souk moderne à l’abri des intempéries, l’essentiel des commerces indispensables à la vie courante. Mais alors il ne faut pas s’étonner que les rues marchandes alentour, florissantes jusque-là, crèvent de male mort. Car c’est bien ce qui s’est passé et continue de se passer.
Ajoutons à cette affligeante situation le bas niveau moyen des revenus des Chaux-de-Fonniers, l’état catastrophique des finances non seulement de cette ville (en raison notamment d’un emprunt financier aussi coûteux que carnavalesque) mais encore du canton, et nous en arriverons bientôt à la concrétisation du rêve de M. Lip, le célèbre horloger de Besançon qui s’était promis d’écraser l’horlogerie chaux-de-fonnière et que «les vaches brouteront à l’avenue Léopold-Robert»!
On pourrait d’ailleurs creuser l’idée et en faire un atout touristique. La Chaux-de-Fonds, la seule ville d’Europe où les vaches vaquent paisiblement sur l’avenue principale! Des râteliers généreusement garnis d’un odorant foin à la place des vitrines des boutiques vides! Bénarès n’a qu’à bien se tenir!