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Point de vue de Denis Müller: «Que nous reste-t-il en commun?»

«Faire des économies n’est pas le but unique et ultime de l’action politique, car nous avons aussi besoin d’investir dans le spirituel et dans l’artistique», écrit Denis Müller, théologien et éthicien, professeur honoraire à l’Université de Genève. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

05 févr. 2020, 12:00
Concert du Conservatoire en 2017: pour Denis Müller, le canton de Neuchâtel doit investir dans l’artistique.

Il n’est pas exagéré de parler d’une crise éthique contemporaine. Nous vivons dans un monde de guerres incessantes, exposés aux attaques les plus sournoises du terrorisme et du totalitarisme.

A l’intérieur de nos démocraties locales, tout semble aller moins mal, si on en juge en tout cas par le fonctionnement rassurant des institutions politiques et juridiques. Un ami français m’écrivait récemment pour me dire combien il trouvait la situation suisse plutôt enviable, comparée à la «chienlit» française, comme avait dit un jour le général de Gaulle.

Nous faisons partie du vaste monde et les dangers planétaires nous concernent tous.

Mais nous ne pouvons pas nous comporter en insulaires ou en provinciaux. Nous faisons partie du vaste monde et les dangers planétaires nous concernent tous, comme le montrent le débat sur la justice climatique et la lutte contre le terrorisme.

Nous avons beaucoup de connaissances à mettre en commun, à tous les niveaux; faire des économies n’est pas le but unique et ultime de l’action politique, car nous avons aussi besoin d’investir dans le spirituel et dans l’artistique, par exemple par la reconnaissance publique des religions ou par le soutien à la Haute Ecole de musique. Les faits et les budgets sont importants, mais les valeurs doivent nous guider, à un niveau plus fondamental.

Ni la Suisse, ni le canton de Neuchâtel ne sauraient se cloîtrer dans une politique à la petite semaine, déconnectée du continent européen et de son contexte mondial. Les croyants, les musiciens ou les migrants (pris à titre d’exemples, parmi d’autres) qui foulent nos espaces de vie sont en même temps les témoins de l’universel au cœur de notre singularité. Nous devons réapprendre sans cesse à habiter ensemble le monde de tous et de chacun, à devenir des citoyens du monde capables d’accueil et de ferveur.

Le plus grand danger qui nous menace aujourd’hui est sans doute celui du particularisme. Nous sommes tentés de nous enfermer sur nos biens propres et sur nos valeurs nationalistes, au lieu de nous ouvrir au bien commun et aux valeurs universelles, sans lesquelles il ne saurait y avoir de vraie démocratie et d’humanité chaleureuse.

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