Une compréhension originale des générations s’est mise en route. Faut-il abaisser le droit de vote à 14 ans, à 10 ans? Le gag cognitif de Philippe Jaffé: donner le droit de vote aux enfants dès la naissance, dit bien ce qu’il veut dire.
Mais il ne faut pas confondre les droits de l’enfant (partie intégrante des droits de l’homme) et les droits du citoyen. Fixer l’âge du droit de vote relève d’une décision politique. Préparer les enfants à l’entrée dans l’âge adulte et à accéder à leur majorité politique demeure une tâche indispensable. Le jeunisme n’est pas la solution.
A l’autre bout de l’échelle des âges, le 4e âge semble devenir une catégorie à part: tandis que les seniors du 3e âge «pètent le feu», le 4e âge, lui, semble l’objet d’une certaine condescendance voire d’une pitié dangereuse. Comment traiter tous les humains de manière égale tout en tenant compte des étapes de la vie et des périodes d’apprentissage qui vont avec?
Evitons d’opposer les générations entre elles ou de les aplatir les unes sur les autres
Evitons d’opposer les générations entre elles ou de les aplatir les unes sur les autres au point de donner les mêmes attributions à tout le monde; essayons au contraire de penser le lien différencié entre les générations. L’enfance et l’adolescence, la maturité de l’âge adulte, les seniors et le 4e âge représentent (de manière schématique) les quatre paliers successifs de l’existence humaine et la vie en société.
Bien sûr, il ne s’agit pas ici de catégories absolues, mais de descriptions approximatives, bien au-delà de leur délimitation purement juridique. On voit bien que la génération des seniors est en train de prendre une place nouvelle dans ce que j’appelle ici le mille-feuille générationnel. Et les débats intenses de nos sociétés sur la fin de vie montrent bien que le 4e âge est lui aussi l’objet d’attentions spécifiques, qui tendent à le distinguer pour une part importante de la situation des seniors.
Ces nécessaires différenciations n’enlèvent rien à la fondamentale égalité de tous les êtres humains, indépendamment de leur âge. Bien au contraire: pour honorer la différence, il faut privilégier l’égalité.