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Point de vue de Denis Müller: «Drôle d’année»

«On a voulu en faire l’année de la distance sociale, un concept bien trompeur», relève Denis Müller, théologien et éthicien, à propos des mesures en temps de pandémie. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer sur des sujets d’actualité.

03 déc. 2020, 12:00
En 2020, il a été davantage question de distanciation physique (ici dans une dans une bibliothèque bâloise) que de véritable distanciation sociale.

L’année 2020 a filé à toute vitesse, comme une année vraiment spéciale. Elle restera dans l’histoire comme l’année du Covid-19. Année de confinement, d’hospitalisations, de souffrance et d’isolement. On a voulu en faire l’année de la distance sociale, un concept bien trompeur.

Ce n’est pas tant de distance sociale qu’il a été question, en effet, mais seulement de distance physique, de distanciation spatiale. Les contacts humains sont restés possibles, même si c’était seulement par Skype ou par Zoom.

Nous ne savons pas de quoi demain sera fait. Plus que jamais, l’avenir est incertain. Mais nous voilà appelés à la lucidité et au courage. Comme cela était sans doute le cas autrefois en période de guerre, comme cela nous est rappelé au temps du terrorisme, les moments de crise grave, dans nos vies, sont une occasion d’interrogation radicale. Nous sommes confrontés plus nettement que jamais au caractère inéluctable de la mort, de notre mort.

En 2019, il semblait ne plus y avoir de place que pour la question du climat.

Nous nous voyons obligés de réfléchir au sens de notre vie, au sens de la vie elle-même, au sens de la destinée humaine sur cette terre. En 2019 il semblait ne plus y avoir de place que pour la question du climat, et maintenant c’est la question même du destin qui se pose à nous dans toute sa profondeur.

C’est dès lors aussi notre propre solidarité avec tous les êtres humains qui devient essentielle. Le rôle central des droits de l’homme (de l’homme et de la femme) est appelé à prendre de plus en plus d’importance et de signification.

Le récent débat passionné sur la responsabilité des entreprises l’a bien montré. Le résultat ambivalent de la votation populaire a mis en lumière la nécessité de poursuivre notre réflexion éthique et d’intensifier le développement moral de l’économie.

Nous serons d’autant plus convaincants et performants dans ce domaine que nous ferons preuve d’une conscience aiguë de ce qui nous relie les uns aux autres. Nous devons surmonter la distanciation sociale et mondiale entre les êtres humains, pour mieux manifester notre proximité fraternelle.

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