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Point de vue de Claude-Alain Kleiner: "L'école de la délation"

Une motion de la droite au National demande que l'école transmette des données sur les élèves sans-papiers. Une proposition qui rebute le pédagogue Claude-Alain Kleiner. Découvrez son point de vue: comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

26 févr. 2018, 12:00
Une majorité de droite de la Commission de la sécurité sociale du Conseil National demande à ce que l'école dévoile ses données sur les sans-papiers.

A l’heure des célébrations de la République, il est un Parlementaire fédéral neuchâtelois qui n’honore guère son coin de terre, tant il semble méconnaître son histoire en bafouant l’un de ses principes fondateurs: l’accueil et l’intégration des communautés étrangères. 

Cet élu, membre de la Commission de la sécurité sociale du Conseil National, a choisi, avec ses collègues de parti de la droite extrême, de parapher une motion intitulée: « Pour une législation cohérente sur les sans-papiers.» Ce texte, déposé le 26 janvier 2018, demande notamment de: faciliter les échanges d’informations entre les organes étatiques au sujet des personnes dont le statut de séjour n’est pas réglé (par ex. pour la scolarisation).

Et le Neuchâtelois d’ajouter :«Il s’agit que, dans une région donnée, on puisse nous dire le nombre d’élèves ‘sans papiers’  fréquentant l’école obligatoire!» Ces vieux démons de la dénonciation qui, mise en pratique, stopperaient la scolarisation de ces enfants, au mépris des principes constitutionnels régissant notre canton. 

Faut-il rappeler, à ce triste élu, que dans les années 1970, La Chaux-de-Fonds, sous l’égide de Francis Matthey, scolarisait les enfants de familles clandestines? Faut-il rappeler encore l’arrêté pris par Jean Cavadini, en 1990, en faveur de l’intégration des enfants de requérants d’asile? Sans omettre le combat de ce même conseiller d’Etat, alors à la tête de la Conférence des directeurs d’instruction publique, en 1991, pour ouvrir les portes de nos classes aux enfants de travailleurs n’ayant pas droit au regroupement familial? 

Bref, plutôt que de confondre la bannière neuchâteloise avec un paillasson, ce parlementaire fédéral ferait bien de méditer le mot d’Edouard Glissant: «Agis dans ton lieu et pense avec le monde!»


P.-S.: dans sa séance du 21 février 2018, le Conseil fédéral a décidé de proposer le rejet de cette motion.

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