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Point de vue de Claude-Alain Kleiner: «Fausse note»

A l’école, «le système arithmétique des moyennes continue de déployer ses effets pervers», regrette Claude-Alain Kleiner, pédagogue. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

08 janv. 2020, 12:00
Faut-il continuer d’évaluer les élèves en notant leur travaux?

«Dites-moi comment vous évaluez et je vous dirai comment vous enseignez!»… Centre névralgique du métier d’enseignant, l’évaluation représente l’effet-miroir des pratiques pédagogiques. En même temps qu’elle révèle les choix politiques dictant le système scolaire.

Ainsi, le canton de Neuchâtel a longtemps fait office de pionnier en matière d’évaluation du travail des élèves. Pour preuve, aujourd’hui, les modalités régissant l’évaluation dans les deux premiers cycles témoignent de cette volonté de privilégier une pédagogie constructiviste, fondée sur l’observation des apprentissages des élèves.

Ce vœu: optons pour l’orientation plutôt que la sélection!

Au cycle 3, l’école continue de considérer que la note est la seule manière objective d’évaluer le travail des élèves afin de les trier, puisque telle est sa mission. Cela en dépit d’une réforme bienvenue mais dénaturée et non aboutie. Dès lors, le système arithmétique des moyennes continue de déployer ses effets pervers. Au grand dam de la pédagogie qui semble se résumer à une succession de contrôles écrits rythmant, parfois frénétiquement, l’année scolaire. Une grande machinerie au service de la sélection des élèves… Car, disons-le encore, une fois pour toutes, les dés sont pipés!

Imaginons le parcours scolaire d’une volée d’élèves «génétiquement modifiés», tous plus doués les uns que les autres! Pernicieuse courbe de Gauss oblige, au terme de leur scolarité obligatoire, ce seront toujours les mêmes proportions d’élèves qui entreront au lycée, se dirigeront vers un apprentissage, ou demeureront sans projet professionnel.

En 1985 déjà, ce propos de Samuel Roller, directeur de l’IRDP: «Je souhaite que chaque enfant puisse avancer à son pas. Pas de sélection-exclusion, mais pour chacun, la promotion dont il est susceptible. Telle serait la véritable égalité des chances… La fin des notes scolaires? Disons 2015…»

Pour 2020, à défaut de bonne résolution de l’autorité, ce vœu: optons pour l’orientation plutôt que la sélection!

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