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Point de vue de Claude-Alain Kleiner: «Ecole et laïcité»

«Faut-il rappeler que la laïcité garantit à chacun la liberté de religion?» Le pédagogue Claude-Alain Kleiner réagit face à l’acceptation début septembre par les députés neuchâtelois de la loi sur la reconnaissance des communautés religieuses. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer sur des sujets d’actualité.

16 sept. 2020, 14:00
La séparation de l'Eglise et de L'Etat est au cœur de la loi sur la reconnaissance des nouvelles communautés religieuses récemment acceptée par Grand Conseil neuchâtelois.

Non, la laïcité ne souffre aucune déclinaison sémantique. Evitons donc de parler de laïcité d’ouverture ou d’exclusion. Certes, les postures peuvent différer, de l’intransigeance à la tolérance, selon le degré de raison ou d’émotion de l’analyse. Faut-il rappeler que la laïcité garantit à chacun la liberté de religion? Qu’elle n’est ni un dogme ni une fin en soi mais au contraire un vecteur de paix civile et de respect des convictions? Enfin, que les valeurs universelles d’humanisme, chez nous, supplantent les croyances et les pratiques religieuses? L’égalité entre hommes et femmes, par exemple…

Reconnaître, c’est exiger et contrôler, afin d’empêcher toutes dérives sectaires et extrémistes

Gravée dans le marbre de la Constitution, la séparation de l’Etat et de l’Eglise autorise et oblige tout à la fois. Or, la loi acceptée par le Grand Conseil tolère davantage qu’elle n’exige. En l’état, elle permettra aux imams de prêcher en terres scolaire et carcérale, comme c’est le cas pour les pasteurs. Les défenseurs du texte ont ainsi déclenché une fronde référendaire qui risque de déboucher sur un refus sec et sonnant de la population. Dommage parce qu’aujourd’hui, dans notre société multiculturelle, la reconnaissance d’autres communautés religieuses semble nécessaire, puisque reconnaître, c’est exiger et contrôler, afin d’empêcher toutes dérives sectaires et extrémistes.

Sous l’angle de l’Ecole, la laïcité n’est, évidemment, pas la négation du fait religieux, celui-ci étant inscrit dans les plans d’études. Toutefois, les auteurs de la loi auraient été bien inspirés d’exiger un strict respect de la laïcité, priant les représentants des communautés religieuses de pratiquer hors les murs de l’Ecole. L’heure n’est plus aux petits accommodements!

Pour toutes ces raisons, considérant que le législatif a accepté une loi non aboutie, succombant aux franges évangéliste et musulmane de la société, le peuple aura le dernier mot. Sans partager leurs argumentaires respectifs, il s’agira de soutenir les référendaires. La question du lien entre Etat et religions mérite une autre réponse que celle-là.

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