Il y a eu une fausse note. Un petit grain de sable dans le mécanisme, qui a insidieusement fait exploser votre message et vos bonnes intentions. Un petit quelque chose, un infime détail qui a tout fait foirer.
Le scénario catastrophe n’était pas écrit d’avance. Sans que vous vous en rendiez compte, vos interlocuteurs ont pris tout seuls le mauvais chemin. Sur le papier, vous avez voulu dessiner un mouton et ils ont vu un dragon. Quand vous avez dit bravo, ils ont entendu zéro. Et quand vous leur avez souri, ils ont pris cela pour une moquerie.
Le malentendu, c’est l’histoire d’une divergence d’interprétation entre personnes qui croyaient se comprendre. Celui qui a mal dit s’en va le cœur léger, la fleur aux dents, persuadé d’avoir bien dit. En toute bonne foi. Celui qui a mal compris s’en va, les sourcils froncés, le poing dans sa poche, persuadé d’avoir bien compris. En toute bonne foi.
Si le malentendu a un seul mérite, c’est de nous tendre un miroir sur nous-même
Il suffit d’un rien. Une intonation. Un préjugé. Une maladresse. Une différence culturelle. Et la mécanique s’emballe. L’équivoque se transforme vite en différend, et la fausse note en cacophonie. On se fait trahir par ses moyens d’expression, on se retrouve à s’excuser pour rien.
Si le malentendu a un seul mérite, c’est de nous tendre un miroir sur nous-même. Il nous rend attentif à nos idées reçues, aux faux acquis sur lesquels on comptait et à nos approximations. Il nous rappelle qu’il vaut mieux soigneusement éviter les non-dits et les sous-entendus qui prêtent à confusion. Car une fois que la houle s’est annoncée sur la mer du malentendu, il faut sacrément ramer pour revenir à bon port.