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Point de vue d'Yves Sandoz: "Nostalgie des belles lettres?"

Quand l'anglais s'affiche sur les T-shirts, il inspire Yves Sandoz, professeur honoraire de l'Université de droit international humanitaire. Découvrez son point de vue: comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

29 mars 2018, 15:00
Le T-shirt est devenu un vecteur de communication... généralement en anglais.

La production compulsive de SMS phonétiques entraîne, paraît-il, une incapacité croissante à écrire proprement à la main, un appauvrissement de l’orthographe et la perte de contacts conviviaux.

Les mots ont pourtant trouvé un refuge inattendu sur les corps tatoués ou les T-shirts, nous fournissant de nouvelles occasions de dialoguer. Je vous encourage à tenter l’expérience, malgré le succès mitigé de la mienne entre Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds.

«Il est interdit de me gronder», lis-je sur le maillot d’un très jeune enfant qui vient de laisser tomber un morceau de sa glace sur mon pantalon: le joli sourire de sa mère me cloue toutefois le bec et m’interdit effectivement de gronder qui que ce soit. «Keep cool and have a pint» est-il écrit sur le biceps de son voisin, auquel je demande où et quand nous irons la boire, mais avec pour toute réponse une vilaine grimace qui m’a coupé l’envie de le faire.

«Chalenge your limits» (la langue anglaise est décidément très utilisée sur les T-shirts) est plus réussi avec un début de conversation dès Chambrelien, malheureusement interrompu aux Hauts-Geneveys. «Save the planet» est la plus belle réussite du jour, me permettant de partager avec celle qui l’exhibe sa compassion pour les ours polaires dans le tunnel des Convers.

«Love me» est-il écrit sur le maillot sale et troué qui moule le ventre rebondi du passager qui me fait face dès La Chaux-de-Fonds, alors que «don’t touch» traverse en grosses lettres la poitrine de sa ravissante voisine. J’imagine un bref instant la belle conversation que je pourrais engager si les inscriptions étaient inversées. Mon éducation protestante me retient toutefois d’y faire allusion et je laisse mes voisins pianoter en toute quiétude jusqu’au Locle, le nez dans leur portable, à la lumière des montagnes enneigées…

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