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Point de vue d’Yves Sandoz: «Les leçons de l’appel de Heidelberg»

Yves Sandoz, professeur honoraire de droit international humanitaire, rappelle que l’appel de Heidelberg cherchait à discréditer les mouvements écologiques, sous prétexte de préserver notre planète. Comme d’autres personnalités locales, il est invité à s’exprimer sur des sujets d’actualité.

04 déc. 2020, 17:00
"On est mieux conscient aujourd’hui que la survie de l’humanité va de pair avec la préservation de la nature", écrit Yves Sandoz.

«La fabrique de l’ignorance», documentaire récemment présenté à la télévision romande, nous a rappelé le fameux «Appel de Heidelberg», rédigé en 1992 dans cette ville, puis signé par une multitude de prix Nobel et de grands noms du monde scientifique et littéraire.

S’il a attiré ces grands noms – les premiers entraînant probablement les suivants – en affirmant sa volonté «de contribuer pleinement à la préservation de notre héritage commun, la Terre», l’appel s’inquiète ensuite «d’une idéologie irrationnelle qui s’oppose au progrès scientifique et industriel et nuit au développement économique et social». En le publiant le 1er juin 1992 à l’ouverture du Sommet de la Terre de Rio, les initiateurs de l’appel avaient en fait l’objectif de discréditer un mouvement écologique qu’ils accusaient de s’appuyer sur des «arguments pseudoscientifiques ou des données fausses ou inappropriées».

L’appel avait été financé par les industries de l’amiante et du tabac

Et cela avec succès: la communauté internationale n’a pas, à l’évidence, répondu avec le sérieux voulu aux mises en garde pourtant déjà clairement exprimées à l’époque du sommet de Rio. Or, on l’a découvert après coup, l’appel avait été financé par les industries de l’amiante et du tabac, les intérêts à court terme de l’économie l’emportant sur toute autre considération.

De cette affaire on retiendra deux leçons. On est mieux conscient aujourd’hui que la survie de l’humanité va de pair avec la préservation de la nature et l’affirmation de l’appel selon laquelle «l’humanité a toujours progressé en mettant la nature à son service» ne passerait plus. Il serait donc d’autant plus impardonnable de tergiverser comme on l’a fait après Rio et de ne pas mettre toute l’énergie voulue pour préserver une vie harmonieuse sur la planète.

Le piège dans lequel sont tombées les personnalités qui ont signé l’appel – beaucoup s’en sont distancées après coup – nous donne une seconde leçon: il est plus indispensable que jamais, à l’heure des réseaux sociaux, des «likes» précipités et des théories complotistes, de se faire une opinion sans a priori, à travers sa propre réflexion et des sources diversifiées.

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