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Point de vue d’Antoine de Montmollin: «Too small to save»

«La crise économique liée au Covid-19 ferait office d’outil de sélection naturelle des entreprises, triant celles qui méritent ou non de survivre.» Antoine de Montmollin, économiste et député socialiste au Grand Conseil, dénonce les décisions du Conseil fédéral en matière de soutien aux entreprises.

11 nov. 2020, 14:00
Dans le canton de Vaud, des personnes issues des milieux de la restauration ont manifesté afin demander des mesures de soutien et d'indemnisation immédiates.

Le Conseil fédéral ne compte pas en faire beaucoup plus pour sauver les entreprises et les emplois menacés par la crise sanitaire en cours. Malgré l’esquisse d’un timide plan d’aide pour les «cas de rigueur», sa position est claire: «soit les entreprises ont déjà surmonté les conséquences économiques de la pandémie par leurs propres moyens ou grâce à l’aide de transition de la Confédération, soit elles n’existent plus». Bref, la crise économique liée au Covid-19 ferait office d’outil de sélection naturelle des entreprises, triant celles qui méritent ou non de survivre.

Là où le bât blesse, c’est que nos sept sages ne parviennent pas à faire la différence entre le court et le long terme.

Cette vision repose sur une théorie bien connue: celle de la «destruction créatrice» d’emplois. Celle-ci stipule qu’un processus de disparition d’entreprises dans certains secteurs au profit du développement des activités d’autres acteurs est continuellement à l’œuvre. Les milieux libéraux en déduisent généralement que l’Etat doit limiter au maximum ses interventions pour ne pas soutenir des secteurs appelés à disparaître.

Là où le bât blesse, c’est que nos sept sages ne parviennent pas à faire la différence entre le court et le long terme. Aucune tendance n’indique que les restaurants, petites entreprises, festivals et salles de théâtre aujourd’hui en difficulté ne seront plus viables dans les années à venir. La période estivale nous a même prouvé le contraire. Si ces secteurs sont au bord de la faillite, c’est avant tout à cause de mesures contraignantes et nécessaires qui ne devraient pas durer plus de quelques mois.

En 2008, la Confédération et la BNS libéraient plusieurs dizaines de milliards de francs pour venir à la rescousse d’une banque «too big to fail» («trop grosse pour faire faillite»). C’est un plan de cette ampleur qu’il faudrait aujourd’hui pour permettre à nos petites entreprises et emplois de tenir bon, à moins que le Conseil fédéral ne les considère simplement comme «too small to save», trop petites pour être sauvées.

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