Les données récentes de l’Office fédéral de la statistique montrent que les Romands et les Tessinois emprisonnent davantage que les Alémaniques. Pire même: la détention avant jugement est presque deux fois plus élevée en Suisse latine qu’en Suisse allemande. Ces données interpellent. Les Latins seraient-ils plus punitifs que les Germaniques?
Les recherches scientifiques sur le sujet, menées à l’Université de Neuchâtel, montrent clairement que le public des deux régions a des visions très différentes de la justice.
Questionnés sur les peines qu’ils infligeraient dans des cas qui leur sont présentés, les Latins sont significativement plus durs que les Alémaniques. Et lorsqu’on les interroge sur le rôle du droit pénal, les Romands et les Tessinois préconisent en premier lieu la punition, alors que les Alémaniques préfèrent la resocialisation.
Ce constat, en contradiction avec les préjugés véhiculés d’Alémaniques «carrés» et de Latins «décontractés», se retrouve d’ailleurs entre les Etats du Sud et du Nord de l’Europe, les premiers étant beaucoup plus punitifs que les seconds.
La frontière entre le Sud et le Nord en la matière semble donc passer par la Suisse, où nous, Romands, peinons à comprendre que la sévérité de la peine est un leurre en matière de dissuasion et que nous ferions bien mieux de nous inspirer de nos voisins du Nord, qui misent davantage sur la certitude de la sanction. Ils ont en effet compris, eux, qu’en matière de prévention du crime, le fait d’avoir une haute probabilité d’être sanctionné est bien plus important que le fait d’encourir une peine sévère.