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Point de vue d’Aïcha Brugger: «Distribution alimentaire: donner et recevoir»

«La notion de charité s’oppose-t-elle à celle de solidarité?», interroge Aïcha Brugger, animatrice socioculturelle et permanente de l’Association de défense des chômeurs de Neuchâtel. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer sur des sujets d’actualité.

11 juin 2020, 16:00
Des bénévoles s'affairent autour de la préparation de sacs alimentaires, organisée par la Caravane de la Solidarité à Genève.

Nous avons tous été choqués de voir des milliers de personnes faire la queue à Genève pour un sac d’alimentation. La pauvreté a toujours existé en Suisse, jusqu’à présent elle a su ne pas trop attirer l’attention. Devant tant de précarité, on s’indigne! Certains se mobilisent, organisent des récoltes alimentaires et des distributions. Les citoyens, ébranlés, se montrent généreux.

Pendant ce temps-là, les penseurs de l’action sociale se questionnent: «La charité fait-elle partie du travail social?», «La gratuité est-elle une notion humiliante?» De vieux débats ressurgissent. On nous ressort la vieille histoire du: «Ne vaudrait-il pas mieux lui apprendre à pêcher afin qu’il se nourrisse seul au lieu de lui donner un poisson qui ne lui suffira que pour un repas?»

Je trouve ces discussions bien paternalistes, venant d’esprits qui sont des références en matière de «la vie bonne». En attendant, comment s’émanciper s’il n’y a plus de poisson dans la rivière? Les riches reçoivent sans cesse gratuitement et personne ne se sent humilié dans le cadre de ces transactions.

Il est vrai que la charité confère un sentiment de supériorité à celui qui la pratique, mais soyons honnêtes, la solidarité également.

D’un autre côté, la notion de charité s’oppose-t-elle à celle de solidarité? La première, valeur chrétienne, se veut comme une faveur faite aux plus démunis et la seconde comme un devoir moral accompli envers un membre de sa communauté. Il est vrai que la charité confère un sentiment de supériorité à celui qui la pratique, mais soyons honnêtes, la solidarité également. On peut jouer sur les mots tant que l’on voudra, la nuance à mon avis n’intéresse pas beaucoup celui qui en bénéficie. Dans nos contrées libérales, où chacun est considéré comme responsable de sa condition, quand on est dans le besoin, on a souvent honte, voilà tout.

Ne soyez pas gênés de recevoir si vous en avez besoin! Pensez que vous faites une faveur à celles et ceux qui cherchent soit à atteindre leur salut, soit un certain statut social, ou encore à ceux qui culpabilisent. En résumé, il ne s’agit là que d’un échange de bons procédés!

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