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La Belle Bleue est une vaste tombe

Des milliers de migrants se noient dans la Belle Bleue, la Méditerranée. Le théologien Pierre Bühler revient sur ces drames et son rapport à cette mer.

01 juil. 2021, 12:55
Des migrants secourus par une ONG dans la Méditerranée.

Bientôt les vacances, et enfin sans trop de Covid! Les Européens, et les Suisses avec eux, se précipiteront à nouveau vers le Sud, formant des kilomètres de bouchons au Gothard. Ils iront chercher le soleil, la chaleur et la fraîcheur des flots de cette mer qu’on appelle communément la Belle Bleue.

Les Romains l’appelaient «Mare nostrum», «notre mer», leur empire l’entourant tout entière. Et elle est aussi «notre mer», aujourd’hui encore, mais autrement. Alors que l’empire romain avait établi sa frontière, le «Limes», au Nord, pour se protéger de ces peuplades qu’on considérait comme barbares, sauvages, l’Europe d’aujourd’hui a établi son «Limes» à travers la Méditerranée et est en train de le repousser jusqu’en Afrique du Nord, parce qu’elle se sent menacée, par des peuples «barbares» du Sud, cette fois.

 

 

Plusieurs milliers de migrantes et migrants viennent buter contre cette frontière militarisée.

La Belle Bleue est sous haute surveillance. L’agence Frontex la contrôle avec des navires, des avions, des drones, et elle collabore étroitement, non seulement avec des garde-côtes italiens ou grecs, chargés de repousser les embarcations de fortune, parfois en perçant les canots pneumatiques. Mais aussi avec les garde-côtes libyens, payés pour ramener les «envahisseurs» dans les camps de la mort.

Ainsi, chaque année, plusieurs milliers de migrantes et migrants, hommes, femmes, enfants, bébés, viennent buter contre ce «Limes» du Sud, cette frontière militarisée (Ursula von der Leyen a félicité la Grèce d’être «le bouclier de l’Europe»). Ils se noient dans «notre mer», tandis que les gouvernements européens et suisse détournent leur regard.

Alors, lisant les noms des personnes décédées lors de la Journée des réfugiés, j’ai décidé que je ne me baignerai plus dans la Méditerranée aussi longtemps qu’y meurent des fugitifs. Je précise d’emblée: non par dégoût, mais par respect. La Belle Bleue est une vaste tombe, et on ne dérange pas le sépulcre des morts. Qu’ils et elles reposent en paix!

Et bonnes vacances quand même!

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