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Point de vue de Patrick Vincent: "L'initiative pour l'autodétermination, la version made in Switzerland de 'Build the Wall'»

«Nous aurions une Suisse First, une France First, une Deutschland First», écrit Patrick Vincent, professeur à l’Université de Neuchâtel à propos des conséquences d’une disparition de l’Union européenne et de l’initiative de l’UDC dite de «l’autodétermination». Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

07 nov. 2018, 18:01
L'initiative de l'UDC veut que le droit suisse prime sur le droit international.

L’initiative pour une soi-disant autodétermination n’est rien d’autre que la version made in Switzerland de «Build the Wall» (construisez le mur!), le champ de bataille du trumpisme.

Ses initiants prétendent vouloir imposer «nos» lois et valeurs sur celles du reste du monde, or leur ethno-nationalisme émane tout autant de l’étranger via les réseaux sociaux et les sites de désinformation russe que du café du commerce et des Stammtische.

Autrement dit, leur vision du Sonderfall Schweiz ressemble étrangement à celle d’un America First ou d’un Brexit. L’UDC, qui finance cette initiative et prétend être le seul véritable parti suisse, fait désormais partie de la nouvelle internationale illibérale et souverainiste.

Le jaune rassurant de leur tous-ménages sert à dissimuler la superficialité de leur argumentaire, qui n’a aucune solution constructive à apporter à notre pays et créera des problèmes encore plus importants que l’initiative sur l’immigration de masse.

Il repose sur l’idée fallacieuse que le peuple devrait toujours avoir le dernier mot, or la Suisse depuis 1848 est une démocratie semi-directe: notre Constitution garantit la volonté du peuple mais également les droits individuels et l’Etat de droit. La Cour européenne des droits de l’homme qui est la cible principale de cette initiative sert à défendre ces mêmes valeurs – des membres de l’UDC victimes d’injustices y ont d’ailleurs fait recours avec succès.

Or le seul cas de jurisprudence qu’ils citent dans la brochure est celui des «criminels étrangers». Car, comme avec le mur, la véritable raison d’être de cette initiative est de diviser afin de régner. Comme leurs acolytes dans les pays voisins, l’UDC dresse l’Union européenne en fausse idole, vouant de mettre fin à la dictature européenne afin de pouvoir imposer la sienne.

Essayer d’imaginer une Europe sans l’Union européenne. Nous aurions une Suisse First, une France First, une Deutschland First. Nous aurions un monde dominé comme en 1938 par les réflexes de la peur et de la haine. Nous deviendrons prisonniers de notre propre «mur».

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