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A l’écoute du peuple

Yves Sandoz, professeur honoraire de droit international humanitaire, revient sur la question, inutile selon lui, posée par l’initiative pour l’interdiction de se voiler en public.

15 mars 2021, 14:00
"L’une des manières favorites de faire mousser le sujet est ensuite de lancer une initiative constitutionnelle, même sur un objet qui n’a rien à faire dans une Constitution", écrit Yves Sandoz

La tactique des partis politiques qui veulent gagner des voix est de trouver un sujet de société capable d’enflammer les esprits et de démontrer qu’ils sont «à l’écoute du peuple». L’une des manières favorites de faire mousser le sujet est ensuite de lancer une initiative constitutionnelle, même sur un objet qui n’a rien à faire dans une Constitution.

Après celle sur les minarets, l’initiative sur l’interdiction de se voiler la face en public en est un parfait exemple. L’UDC a «gagné» la votation nous serine-t-on. En réalité, ce parti a réussi à semer une belle pagaille dans tous les autres et au sein des défenseurs des droits de l’homme, qui se sont fait magnifiquement piéger. Ceux qui se prétendaient des ardents défenseurs du féminisme, se sont retrouvés aux côtés de députés UDC, ravis de l’aubaine, et opposés à leurs congénères qui défendaient avec plus d’ardeur encore le libre choix des trente femmes suisses qui se promènent la face voilée.

En réalité, ce parti a réussi à semer une belle pagaille

J’avais proposé, mais sans illusion, de voter blanc pour bien marquer le ridicule de cette initiative et d’un texte qui pollue notre Constitution, d’autant plus inutilement que l’interdiction, elle parfaitement justifiée, de se cagouler lors de manifestation fait, ou peut faire, l’objet de lois cantonales. Mais nul ne connaît le sort de cette proposition puisque le vote blanc, assimilé aux votes négatifs, n’est pas comptabilisé, malgré les propositions faites à ce sujet.

Dès lors, puisque cela marche si bien, pourquoi ne pas recommencer. Je propose aux partis en quête d’idées de proposer d’introduire dans la Constitution un texte imposant aux propriétaires de chiens de ramasser les excréments de leur compagnon à quatre pattes. Tout citoyen ayant eu un jour le malheur de marcher dans une crotte, je ne vois guère qui pourrait bien s’opposer à une telle demande. Ne serait-ce donc pas là une belle occasion de gagner une votation et de démontrer que l’on est à l’écoute du peuple?

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