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Neuchâtel Xamax FCS : une vie à côté du sport

Pour les «rouge et noir», les joies retrouvées de la Super League se sont accompagnées d’un nouveau train de vie à 100 à l’heure. Les joueurs doivent plus que jamais investir le maximum d’énergie lors de leurs entraînements quotidiens et de leurs matches. Mais il existe une vie à côté du foot, et certains Xamaxiens ont choisi de consacrer quelques heures par semaine à un emploi ou à des études.

13 sept. 2018, 08:00
Football : Neuchatel Xamax FCS - Rapperswil  Geoffrey Treand (17)    Neuchatel, le 31 mars 2018  Photo: Lucas Vuitel

La plupart d’entre eux justifient cette décision par le besoin de se construire une vie équilibrée, pas uniquement remplie de gazon et de ballons. D’autres pensent déjà à l’après-foot… Une situation totalement tolérée par le club, tant que leur activité professionnelle annexe ne vient pas court-circuiter leur carrière sportive.

De fait, les intéressés ont diminué leur temps de travail d’eux-mêmes en début de saison, pour pouvoir se concentrer sur la Super League. D’après un responsable du club, «certains m’ont dit que c’était plus confortable pour eux cette année, vu que les matches sont le week-end. L’année dernière, ils rentraient parfois à 3 h du matin et devaient se lever le même jour pour aller bosser!».

Et que pense Michel Decastel des joueurs qui travaillent à côté? «Il n’en a rien à faire, lui tout ce qu’il veut c’est que ses joueurs soient là aux entraînements et qu’ils deviennent des machines à foot!».

Laurent Walthert : les bijoux, une affaire de famille

Quand il ne garde pas les filets xamaxiens, Laurent Walthert s’occupe de la bijouterie de son père, à Neuchâtel. Photo : Patrick Huerlimann

Si l’on a davantage l’habitude de le voir défendre les couleurs de Xamax, certains ont aussi pu croiser Laurent Walthert derrière le comptoir de la bijouterie de son papa située au centre-ville de Neuchâtel, logiquement nommée d’après leur nom de famille.

Et à entendre le gardien des «rouge et noir», on ne peut s’empêcher de se demander quand il trouve encore le temps de dormir. Sa fonction? Difficile de la réduire à un seul terme, tant elle recouvre des tâches multiples… Il finit par opter pour celui de responsable du magasin. «Mon père, c’est l’artiste de l’entreprise, il s’occupe du créatif, comme des réparations de bijoux par exemple. Et moi je me charge autant de notre politique d’action que des employés, de l’achat des pièces, de la vitrine, des événements à organiser ou encore des cocktails de fin d’année», énumère le portier.

Et la vente? « Jusqu’à l’année dernière, j’étais aussi présent derrière le comptoir, mais cette année, je ne le ferai que si c’est nécessaire.» D’un temps de travail de 30 à 40%, Laurent Walthert compte réduire la voilure à 20-30%, Super League oblige. «Mes employés ont accepté d’augmenter leur taux de travail pour que moi je puisse m’organiser dans une souplesse totale. C’est comme dans une équipe de foot, j’ai la chance d’avoir deux fidèles collaboratrices, qui sont là depuis 15 et 25 ans, sans qui je ne serais rien!», tient-il à souligner.

Son objectif: pouvoir prendre le temps «de décompresser et de prendre du recul. Cette arrivée en Super League a demandé pas mal d’investissements, et avec l’âge que j’ai aujourd’hui, j’ai besoin de temps de récupération, de plages de soin.» Et de citer son président, Christian Binggeli: «Quand la tête fonctionne, tout va mieux!».

Max Veloso et Gaëtan Karlen : deux «rouge et noir» aux études

Max Veloso et Gaëtan Karlen partagent leurs vies entre cours universitaires et football d’élite à Xamax. Photo : Lucas Vuitel

Gaëtan Karlen et Max Veloso n’ont pas choisi la voie de la facilité. Respectivement attaquant et milieu de terrain xamaxiens, les deux hommes de 25 et 26 ans ont fait le pari de cumuler bachelor en lettres à l’Université de Neuchâtel et carrière professionnelle dans le football. Une double vie qui demande une organisation de tous les instants.

Des cours à périodicités variables, des séminaires à présence obligatoire, des dossiers à rendre en milieu de semestre, des travaux de groupe, des crédits à comptabiliser… Comment fait-on pour ne pas friser le burn out en ajoutant à cela les entraînements quotidiens et les matches?

«On bénéficie d’un contrat pédagogique passé avec l’Université», tempère Max Veloso, qui a choisi d’étudier les sciences de l’information et de la communication ainsi que la psychologie. «Si, pour un examen, on n’est pas disponible parce qu’on a un entraînement ou un match en même temps, on peut le déplacer. On a aussi le droit d’étendre la durée de notre bachelor.»

Un aménagement bienvenu, qui leur permet de naviguer entre l’Université et leur engagement à Xamax, tout en évitant les télescopages. Même si leur vie estudiantine ne sera jamais la même que celle de leurs collègues.

«Moi je n’arrive pas à suivre tous les cours comme un étudiant “normal”», glisse Gaëtan Karlen, qui suit les cursus sport et allemand avec dans l’idée, à terme, de devenir enseignant. «Mon bachelor, on verra quand je le termine, ma priorité est et a toujours été le foot, même quand j’ai commencé l’Uni!»

Un point catégorique sur lequel les deux compères se rejoignent volontiers, malgré les inégalités de leur parcours universitaire. «J’ai toujours eu de la chance avec mes horaires de cours. Et si une fois je dois favoriser le foot, je prends les notes de quelqu’un d’autre», explique Max Veloso.

Et louper des entraînements? «Impossible», tranche-t-il. «L’Université reste un choix personnel qui ne doit pas venir empiéter sur le foot. Les joueurs savent que ça devra toujours rester leur priorité.»

Trouver un équilibre. Les deux «rouge et noir» s’accordent sur un autre point: cette saison de Super League n’occasionnera pas de changements majeurs sur leur vie universitaire.

«Quand je prépare mes horaires, je regarde toujours en fonction du foot. Le principe sera le même cette année», note Max Veloso, qui compte terminer son bachelor en 2019. Mais quand on mange foot, qu’on dort foot et qu’on respire foot, l’indigestion guette.

«Pendant quatre ans, je n’ai fait que ça, j’avais envie de voir autre chose. Je me suis inscrit à l’Université de Neuchâtel en me disant “si ça va, je reste, sinon tant pis”», raconte Gaëtan Karlen. Au final, l’attaquant va entamer sa troisième année d’Université. «Faire des études me permet de trouver un équilibre dans ma vie.»

Max Veloso ne peut être que d’accord. «Pour moi, c’est devenu vital. J’avais besoin d’évoluer dans un autre univers. Humainement, ça fait du bien. J’adore le foot, mais j‘en avais marre de ne faire que ça. Et franchement, mon rythme de vie n’est pas infernal.» Les deux étudiants sont sur la bonne voie: ils ont réussi tous leurs examens du mois de juin.

Mike Gomes : jongler avec les ballons… et les chiffres

Depuis 5 ans, Mike Gomes allie sa vie de Xamaxien à celle d’assistant comptable dans une régie immobilière. Photo : Christian Galley

A son retour chez les «rouge et noir» il y a cinq ans, après un bref passage par Servette, le défenseur Mike Gomes se voit offrir une opportunité qu’il saisit au vol.

«Un ami de la famille m’a proposé un stage dans l’agence immobilière Ribaux et Von Kessel. Comme je n’avais fait que du foot jusque-là, j’ai accepté. Puis on m’a proposé de rester, j’ai fait une formation à l’interne, et maintenant je suis assistant comptable.»

A ses débuts dans la régie, Xamax renaissant péniblement de ses cendres, l’équipe évoluait en 1re Ligue. Mike Gomes pouvait donc assumer un bon 90% chez Ribaux et Von Kessel, sans porter préjudice au club neuchâtelois et à ses ambitions de promotion. Mais de retour dans la cour des grands, l’heure est à la diminution des activités professionnelles annexes, comme pour certains de ses coéquipiers.

«L’année dernière, j’étais encore à 70%, mais cette année je partirai sur un 30-40%», afin de pouvoir se concentrer un maximum sur les défis à relever en Super League. Et surtout, ça me permettra de davantage me reposer, vu qu’on a plus d’entraînement qu’avant. Mon employeur me permet d’avoir des horaires totalement libres, que je prépare de semaine en semaine.»

En tous cas, le défenseur de 29 ans ne compte pas mettre un terme à son engagement dans la régie immobilière de sitôt. «Aujourd’hui, je ne pourrais plus m’en passer, ça m’a permis de découvrir un autre milieu. Quand ça va mal au foot, ça me permet de me vider la tête, de penser à autre chose.»

Mustafa Sejmenovic : au service des dentistes

Mustafa Sejmenovic travaille à temps partiel chez DCT echnique, ex-entreprise de Christian Binggeli, président de Xamax. Photo : Lucas Vuitel

A côté de son poste de défenseur à Xamax, Mustafa Sejmenovic met à profit son CFC d’automaticien en tant que technicien chez DC Technique, une entreprise basée à Bevaix, spécialisée dans la conception de cabinets (de dentistes, principalement).

«Je m’occupe des machines dentaires et de leur installation, mais je fais aussi du dépannage et des réparations», explique l’intéressé, qui aura 33 ans en janvier prochain. «Il y a un peu plus de deux ans, je me suis dit que comme j’arrivais en fin de carrière, je reprendrais un travail si l’occasion se présentait. Et c’est Christian Binggeli qui m’a offert cette possibilité.»

En effet, jusqu’à l’année dernière, le président des «rouge et noir» – qui a un CFC de mécanicien de précision en poche – enfilait aussi son costume de dirigeant chez DC Technique. «La société a été reprise par deux de mes anciens collègues. J’ai énormément de chance, parce qu’ils me facilitent beaucoup la tâche en allégeant mon temps de travail si besoin», confie Mustafa.

Ses horaires, il les aménage selon le boulot qu’il y a à fournir. «Je m’organise en fonction du foot. Par exemple, si aujourd’hui je n’y vais pas, j’irai peut-être une heure ou deux demain, suivant ce qu’il y a à faire. Cette flexibilité, c’est quelque chose qui me plaît.»

Concrètement, son temps de travail correspond à un 30-40%, soit «quelques heures par semaine». Un taux qui lui permet de se projeter dans cette saison de Super League sans se faire trop de soucis.

«Si j’avais un pourcentage plus élevé, j’aurai peut-être dû le réduire, mais comme je ne bosse pas tellement… En tout cas, j’ai trouvé un bon train de vie. Ce rythme ne plairait sûrement pas à tout le monde, mais moi ça me correspond bien. C’est peut-être dû à mon âge et au fait que j’ai une famille…».

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