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Décès de Gilbert Facchinetti, l'ancien président de Xamax si généreux

Neuchâtel Xamax est orphelin de Gilbert Facchinetti. Le patriarche du club neuchâtelois, dont il a été le président pendant plus de 20 ans, est décédé à l'âge de 82 ans, annonce vendredi son entreprise S. Facchinetti dans un communiqué. Retour sur le parcours d'un homme généreux et passionné.

06 juil. 2018, 10:04
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Gilbert Facchinetti s’en est allé en laissant derrière lui le souvenir d’un homme attachant, d’une vitalité extraordinaire. Généreux, passionné, il n’a jamais laissé les drames l’emporter sur sa joie de vivre. Pourtant, l’homme, surtout le père de famille, n’a pas été épargné par les turpitudes de l’existence.

Lui et son inséparable épouse Vally ont perdu leurs trois filles (Pamela, Tania et Sandra) en faisant toujours face. Même si «Facchi» avait de la peine à comprendre ses coups du sort, il allait de l’avant. Toujours soutenu par ses innombrables amis, par toutes les personnes qui l’ont connu et apprécié, il n’a jamais baissé longtemps les bras. Par amour aussi pour ses deux fils et ses six petits-enfants.

Ainsi, voir jouer son petit-fils Mickael en Super League l’emplissait de fierté et d’émotions. On se souvient de l’avoir vu taper le ballon avec lui au bord du terrain, avant et après les matches de Xamax. Parce que, Gilbert Facchinetti était d’abord un joueur. Assez bon, même. International et ancien Servettien, il avait failli quitter le championnat de Suisse en 1959 pour rejoindre le FC Gênes (en Italie) pour un salaire mensuel de 6000 francs. «Une somme énorme pour l’époque», soulignait-il dans un article que nous lui avions consacré en 2012.

De joueur à homme d'affaires

La suite, tout le monde ou presque la connaît. Après le décès de son oncle, cet apprenti-boucher est devenu le président de la société de construction Facchinetti SA, installée à Neuchâtel. «Tu as la bosse du commerce, tu vas apprendre un autre métier», lui avait lancé son père Sylvio. À contrecœur, «Facchi» s’est lancé dans les affaires tout en continuant de jouer en ligue nationale avec le FC Cantonal Neuchâtel. 

Directeur sportif du club en 1969, Gilbert Facchinetti en deviendra le président en 1979 à la suite de la fusion avec le FC Xamax. La folle époque des «rouge et noir» peut débuter et le club de la Maladière grandit au même rythme que l’entreprise familiale.

Entouré par des amis fidèles, dont son cousin Michel Favre, il ne doute de rien, s’émancipe et grandit. Quitte à déranger dans la corporation du bâtiment, il allie affaires et sport avec habileté. Au fils des saisons, grâce à ses réseaux et sa chaleur humaine, il recrute des centaines voire même des milliers de personnes en tant que membre, et en particulier au sein du fameux Club des 200, important soutien financier de Xamax.

Neuchâtel Xamax devient un des grands clubs de Suisse. Sous la houlette de l’autre Gilbert (Gress), le club neuchâtelois fête deux titres nationaux (1987 et 1988). Des joueurs de la trempe d’Heinz Hermann, Uli Stielike, Daniel Don Givens, Admir Smajic, Andy Egli entourent des jeunes talentueux tels que Claude Ryf, Philippe Perret, Robert Lüthi, Michel Decastel ou Beat Sutter.

Tous recrutés par Gilbert Facchinetti via un contrat souvent scellé par une poignée de mains. Et tout en entretenant un esprit familial auquel il tenait tant. L’équipe partageait le repas d’avant-match dans sa villa de Saint-Blaise toujours prête à accueillir des nouveaux venus.

La «bande à Facchi»

Cela n’empêche pas la «bande à Facchi» de vivre de grandes aventures européennes. Xamax défie le Bayern Munich, Hambourg, le Real Madrid et vit des épopées fantastiques, mais Gilbert Facchinetti est toujours resté le même. Avec Franz Beckenbauer ou Ramon Mendoza (ex-président du Real), l’homme fait toujours preuve de la même bonhomie et se montre toujours chaleureux. «Que le meilleur gagne, pourvu que ce soit nous», lâchait-il avant chaque rencontre continentale à domicile.

Cette simplicité camouflait à peine son sens des affaires qui lui permettait de réussir de grands coups et d’avoir une grande influence dans le monde du ballon rond helvétique. Il avait ainsi réussi à négocier l’échange entre Roy Hodgson (entraîneur de Xamax) et Uli Stielike (entraîneur de l’équipe de Suisse) en 1992. Un joli tour de passe-passe. Entre-temps il avait lancé la carrière de Stéphane Henchoz et encore recruté des joueurs de la trempe de Lajos Detari, Hany Ramzy, Trifon Ivanov, etc.

Lucide, il déclare en 1995, lorsque l’arrêt Bosman est promulgué, que «c’est la fin du rêve pour les petits clubs comme nous, nous ne pourrons plus jouer dans la cour des grands».

Son club se frottera encore à l’Inter Milan en 1997, mais ne connaîtra plus de grandes heures en Coupe d’Europe et la Coupe de Suisse continuera de lui échapper. Gilbert Facchinetti finira par céder sa place de président «rouge et noir» en 2003 à Alain Pedretti. Et ce n’est pas un hasard si cela correspond aussi à une période trouble pour son entreprise de construction.

L’ère Chagaev

Vigilant, le «Benz» – un de ses surnoms – restera dans l’entourage du club. Président d’honneur influent, il ne lâchera pas son Xamax. Évidemment, il vivra les tourments de sa succession et le désastre de l’ère Chagaev comme un drame.

Il a aussi suivi avec bonheur la renaissance xamaxienne. Affaibli par la maladie, il n’a malheureusement pas pu profiter pleinement du retour en Super League. Mais à la Maladière, personne ne l’a oublié. Un espace lui est dédié. La section juniors – la Fondation Gilbert-Facchinetti – porte son nom. 

«Facchi» est et restera un personnage emblématique du canton de Neuchâtel. Un de ses meilleurs représentants et ambassadeurs. Son accent inimitable, son sens de l’accueil et sa chaleur humaine l’ont rendu célèbre dans toute la Suisse. L’apprenti-boucher a bien marqué son terrain et son époque.

Inoubliable et immortel.

Des hommages de toutes parts

 

 

 

 

 

Photos : Keystone et archives

 

 

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