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La Grange aux rencontres des Jardins Musicaux

Florence Chitacumbi et Victor Cordero créent dans des styles différents.

24 août 2017, 00:34
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Demain, leurs créations respectives, «Papillon d’acier» et «Réunion», se succéderont sous la voûte de bois de la Grange aux concerts, à Cernier. Le prétexte était tout trouvé pour leur proposer un tête-à-tête. La chanteuse Florence Chitacumbi, voix de velours et groove chevillé au corps, et Victor Cordero, compositeur de musique contemporaine, ont joué le jeu. Et se sont découvert plusieurs points communs!

Victor Cordero: Ce sont un peu les hasards de la vie qui m’ont amené à faire ce que l’on peut ranger dans le tiroir de la musique contemporaine. J’aurais pu m’exprimer dans le jazz, la pop, le rock, que j’aime et que j’ai aussi joué. Ces styles font partie de mes racines. D’ailleurs, dans cette création, j’ai retrouvé un peu la puissance du son électrique, une sorte de force. Je vois la musique comme quelque chose de global, d’ouvert; comme un dialogue entre les styles.

Florence Chitacumbi: J’écoute peu de musique contemporaine, mais je suis quelqu’un de très curieux. Je peux m’inspirer d’une pièce de théâtre, d’un livre, d’une peinture aussi. Ou d’artistes très différents de ce que je fais, même si je garde toujours mon style. Mon prochain rêve, c’est de travailler avec des cordes.

ils sont eux-mêmes

V. C.: A la toute fin de ma pièce, j’ai introduit une sorte de coda un peu tribale, avec des percussions. Il y a dix ans, je n’aurais peut-être pas osé le faire. Dans la musique contemporaine, il y a un long processus de formation; on passe par des étapes où l’on est très abstrait, où l’on fait beaucoup de calculs. Maintenant, je me libère, j’y vais franco! Je n’ai plus trop envie de faire une musique éthérée; je fais ce que j’ai envie d’entendre.

F. C.: Je suis dans le même état d’esprit. Sur ce projet «Réunion» par exemple, mon complice Laurent Poget me disait parfois: «Ça, ça n’est pas très catholique». Mais j’ai tenu bon! Je ne refuse pas toute concession, mais j’essaie vraiment d’être sincère et de faire ce que j’entends.

F. C.: Je suis très attachée à cette région, où je suis née. Mes enfants, ma famille sont installés ici. J’ai vécu deux ou trois ans à Paris; c’était une belle expérience, mais je n’y serais pas restée. Je travaille beaucoup avec des musiciens parisiens de la diaspora africaine, car il est facile de nous déplacer. J’arrive à concilier ma vie et ma carrière d’artiste ici, et j’en suis assez contente. J’aime beaucoup partir en tournée; chanter en Chine, en Afrique, devant d’autres publics, ça me nourrit beaucoup. J’ai besoin de sortir du pays, mais j’aime bien revenir!

V. C.: J’apprécie moi aussi cet équilibre entre la «routine» et les événements un peu exceptionnels que la composition me fait vivre. Deux, trois fois par année, mon «confort» est un peu bousculé, ça me permet de voyager, de faire des rencontres. Mon attache à la région, je la dois aussi à l’activité principale que j’exerce en tant que prof de musique. La carrière de compositeur, je la laisse un peu avancer à mon insu; c’est comme si c’était un autre moi, je me déguise en compositeur quelquefois par année! (Rires).

F. C.: Toute petite, je disais déjà que je voulais devenir chanteuse. C’était clair! A 2 ans, si mes parents mettaient un disque de jazz, je me balançais en rythme. Le rythme a toujours été présent dans ma vie.

V. C.: La mienne, de vie, a emprunté plus de méandres! (Rires). Mais mes parents écoutaient beaucoup de musique aussi. Mon père était guitariste dans un groupe de rock, j’ai vu quelques concerts et j’écoutais les disques qu’il avait enregistrés. Les gens, quand ils me croisent, me disent parfois: «Toi, tu as toujours voulu faire de la musique!» En fait, je ne réalisais pas encore que je pourrais faire un jour ce métier, mais je n’avais pas non plus d’autre préférence. J’apprécie aussi beaucoup le dessin et la peinture, mais les choses se sont faites ainsi.

V. C.: Je suis un habitant de la commune de Val-de-Ruz! C’est un privilège d’avoir un festival tel que les Jardins musicaux ici, à Cernier. Il propose des programmes très éclectiques; il ne s’installe jamais dans un confort, mais il essaie d’explorer des terrains nouveaux. Et le public suit. Cette année, j’ai la chance de vivre le festival sous une autre facette; sinon, en tant qu’auditeur, je note toujours deux ou trois dates dans mon agenda.

F. C.: J’y suis venue l’an dernier, et je connais Valentin Reymond (réd: codirecteur du festival) de longue date. Le souvenir de la semaine que nous venons de passer en résidence dans la Grange est encore très frais. Ce lieu dégage une magie. On sent que ce festival est le fruit d’un travail de longues années mené par des passionnés.

V. C.: La plupart des concerts sont donnés dans la Grange, ce n’est pas par hasard. Cela traduit une prise de conscience par rapport aux racines de la région, de ce coin du monde dont la personnalité s’est forgée en grande partie autour de l’agriculture, de la terre.

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