La nature possède une incroyable capacité à s'adapter aux conditions les plus extrêmes. Alors que les hommes ont définitivement fui Pripyat, la fameuse ville située aux abords de la centrale de Tchernobyl, d'autres êtres vivants peuplent désormais la zone d'exclusion. Cette vaste étendue de 30 kilomètres autour du site sinistré est devenu un véritable paradis pour la faune et la flore depuis quelques années. Néanmoins, certains animaux gardent un état de santé précaire, quand ils n'ont pas simplement disparu, et les forêts menacent à tout moment de libérer des nuages de particules radioactives.
Retour des grands mammifères
Élans, lynx, ours, chevreuils, cerfs, ou encore loups se sont massivement réappropriés les abords du site nucléaire dévasté depuis plusieurs décennies, alors qu'ils en étaient quasiment absents avant le 26 avril 1986. D'après les conclusions d'une étude parue dans la revue scientifique Current Biology et citée par plusieurs médias, ces mammifères se seraient rapidement remis des effets des radiations. Des décomptes réalisés entre 1987 et 1996 montrent que leurs populations respectives auraient même augmenté à plusieurs reprises. Le nombre de ces animaux serait aujourd'hui semblable à celui des réserves naturelles non contaminées en Biélorussie voisine. Mais, les auteurs de cette étude excluent que cette augmentation soit influencée par d'éventuels afflux en provenance d'autres régions.
Le site contaminé de Tchernobyl a également été choisi dans le cadre d'un programme de réintroduction du cheval de Przewalski dans les années 1990. À l'instar des autres animaux précédemment cités, les quelques individus de cette race d'équidés sauvages originaire de Mongolie ont vite trouvé leurs marques dans cet environnement a priori hostile. On compte aujourd'hui une centaine de congénères aux abords de la centrale.
Dans MotherBoard, Jim Smith, professeur à l'université de Portsmouth, en Angleterre, et l'un des auteurs de l'étude, explique pourquoi la faune s'est développée dans ces conditions pour le moins défavorables. "La faune de Tchernobyl est très probablement meilleure qu'elle ne l'était avant l'accident, et non pas parce que les radiations sont bonnes pour les animaux, mais parce que l'occupation humaine était bien pire."
Disparition des oiseaux et des insectes
En revanche, les invertébrés et les oiseaux qui se nourrissent de ces derniers ont été plus impactés par les retombées radioactives, comme le révèle le National Geographic. Le magazine se base sur les travaux de Timothy Mousseau, biologiste à l'Université de Caroline du Sud (États-Unis), et Anders Pape Moller, chercheur au CNRS (France), qui ont abondamment observé les petites créatures, telles qu'hirondelles, chauve-souris, papillons, araignées et autres rongeurs.
Les deux chercheurs mettent en évidence des fréquences plus élevées de tumeurs et d'anomalies physiques au sein de ces catégories d'animaux. Comme le rapporte le New York Times, ils ont recensé un plus grand nombre de becs déformés chez les oiseaux de la zone d'exclusion que parmi leurs congénères vivant dans des régions dénuées de radioactivité; ils ont également mis en lien le déclin des populations d'insectes et d'araignées avec l'augmentation de l'intensité des rayons ionisants.
Certaines cigognes et autres pigeons habitués à la présence des hommes ont presque tous quitté la région en même temps que ces derniers, ainsi que le souligne Slate. Mais, ceux-ci pourraient faire leur réapparition dans peu de temps. En effet, de plus en plus de gens visitent la zone d'exclusion, de quoi bouleverser le fragile biotope au sein duquel les animaux ont appris à vivre durant ces trois dernières décennies où ils étaient devenus les nouveaux maîtres incontestés des lieux.
Dangereuse végétation
Retrouvez le 3e volet de notre série ce vendredi 22 avril. Il sera consacré aux films, série TV et autres chansons qui se sont inspirés de la catastrophe de Tchernobyl.