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Musique, BD ou série TV, comment Tchernobyl a irradié la création artistique

Il y a 30 ans le monde vivait le premier accident nucléaire majeur de son histoire. Le 26 avril 1986, le réacteur 4 de la centrale de Tchernobyl, en Ukraine (alors membre de l'URSS), explosait et provoquait une importante fuite radioactive. Les conséquences écologiques et humaines sont encore perceptibles aujourd’hui. Pour marquer cet événement, plongée en 5 volets dans l’après-Tchernobyl. Ce vendredi place à la récupération artistique de la catastrophe. De David Bowie à la bande-dessinée, en passant par des séries TV, l’accident reste une inépuisable source d’inspiration.

04 avr. 2016, 18:20
/ Màj. le 22 avr. 2016 à 11:30
La catastrophe a inspiré plusieurs fictions telles que le film "Chroniques de Tchernobyl".

Par son ampleur, la catastrophe de Tchernobyl a profondément marqué l’inconscient collectif. Caisse de résonance des événements du monde, les artistes n’ont pas tardé à s’emparer de l'événement. Dès le lendemain de l’accident et jusqu’à aujourd’hui, on ne compte plus les livres, chansons, films, séries ou émissions de TV consacrés à l’accident nucléaire.

Musique: de Bowie à Bashung

Nombreux sont les musiciens et autres chanteurs à avoir été profondément marqués par la catastrophe. L’un d’eux, et non des moindres, est la star britannique David Bowie. L’interprète de Ziggy Stardust et autres personnages haut en couleurs a enregistré "Time Will Crawl" quelques mois à peine après les événements. Si David Bowie semblait très fier de ce morceau, le considérant comme l'un des plus aboutis de sa discographie, force est d'avouer qu'il ne marquera pas vraiment les esprits, comme le relève Slate. Très connotée années 1980, la musique, comme le clip d'ailleurs, ressemble davantage à un OVNI kitsch qu’à un véritable pamphlet anti-nucléaire.

 

Ce n’est pas la catastrophe de Tchernobyl qui a directement influencé le groupe allemand Kraftwerk pour "Radioactivity". Ces précurseurs de la musique électronique avaient enregistré leur titre en 1976 déjà. Mais, l’accident les a motivés à ressortir une version remixée de leur morceau phare en 1991 avec des paroles faisant cette fois-ci clairement référence à l'accident.

 

Les artistes français ne sont pas en reste, puisque deux légendes de la chanson évoquent Tchernobyl dans un de leur morceau. Très engagé politiquement et jamais à court d'idées lorsqu'il s'agit de pourfendre les travers du monde, Renaud a enregistré le titre sobrement intitulé "26 Avril" en 2006. Il a offert cette chanson à l’ONG Greenpeace qui souhaitait marquer à sa manière les 20 ans de l’accident.

 

L'autre grande voix française à avoir dénoncé le désastre nucléaire n'est autre qu'Alain Bashung. Il chante "Le Dimanche à Tchernobyl" en 2002. Le titre figure sur l'album "L'Imprudence" considéré comme le plus sombre de l'artiste décédé en 2009.

 

Films et série TV

Rares sont les films à aborder frontalement la tragédie. Tout au plus peut-on citer "La Terre outragée". Sorti en 2012, ce long-métrage franco-ukrainien narre les destins croisés de trois habitants dans la région de Tchernobyl après l'accident. L'ex-James Bond girl d'origine ukrainienne, Olga Kurylenko, figure notamment au casting. Selon Le Monde, il s'agit du premier film à avoir obtenu l'autorisation de tourner sur les lieux mêmes de la catastrophe.

 

Des conséquences de la catastrophe il en est également question dans la série télévisée russe "Tchernobyl: Zone d'Exclusion". Au travers de ses 8 épisodes diffusés en 2014, le feuilleton a pour ambition de raconter ce tragique événement à toute une génération qui ne l'a pas vécu, ainsi que l'explique Le Figaro. Mais pour être sûre d'intéresser les adolescents, la série prend énormément de libertés avec la réalité. Mélange de thriller, road movie et film catastrophe, le scénario raconte l'histoire de cinq adolescents qui se retrouvent dans les lieux désertés de et autour de la centrale, après avoir pourchassé un cambrioleur.

 

On trouve aussi des jeunes perdus dans les ruines de Pripyat, la ville qui abritait les ouvriers de la centrale et leur famille, dans le film "Chroniques de Tchernobyl" (Chernobyl Diaries). Ce long-métrage d'horreur américain sorti en 2012 n'a pas été tourné en Ukraine pour des raisons de sécurité, mais à Budapest (Hongrie) et Belgrade (Serbie). Au contraire des fictions susmentionnées, la catastrophe ne sert ici qu'à créer une ambiance angoissante. Fantômes et autres animaux étranges transforment le séjour touristique d'une bande de jeunes Américains en cauchemar éveillé.

 

Enfin, pour l'anecdote, la scène finale du cinquième épisode de la saga Die Hard avec Bruce Willis dans le rôle de l'increvable John McClane, "Die Hard: Belle Journée Pour Mourir" (A Good Day to Die Hard) a également pour cadre le funeste site de la centrale.

 

Bande-dessinée, peinture et littérature

Marqué à 20 ans par les images des liquidateurs, les fameux ouvriers dépêchés en urgence pour nettoyer le site au péril de leur vie, le bédéaste français Emmanuel Lepage décide de se rendre un jour sur place. Ce sera chose faite en 2008. Il parcourt alors Tchernobyl et ses abords carnet à la main. Selon Rue 89, l'artiste restera particulièrement impressionné par la beauté des lieux. "Les couleurs éclatent, incandescentes. Tout, autour de moi, respire le calme. Ces lieux invitent à la volupté…Pourtant je suis à Tchernobyl!" Une vision qu'il restranscrira dans une BD-reportage de haute facture. Intitulée "Un printemps à Tchernobyl", l'oeuvre raconte la tragédie, mais aussi la vie qui en résulte malgré tout.

 

Un printemps à Tchernobyl par Emmanuel Lepage #àlireabsolument #bd_documentaire

Une photo publiée par Marie D. Martel (@bibliomancienne) le

 

C'est également une visite des lieux de la catastrophe qui a inspiré le travail de l'artiste-peintre ukrainien Roman Gumanyuk. Présentée sur son site une série d'une trentaine de toiles nommée "Les lumières de Pripyat ou les ombres de Tchernobyl" raconte à la fois l'horreur et une certaine beauté de l'accident.

 

Enfin, Tchernobyl a engendré une quantité incalculable d'ouvrages littéraires, dont il est impossible à rendre compte ici. Citons en donc un seul: "La Supplication: Tchernobyl, chroniques du monde après l’apocalypse." Écrit par l'écrivaine et journaliste biélorusse Svetlana Alexievitch, ce long travail d'enquête retranscrit les témoignages des hommes et des femmes qui ont subi la catastrophe. L'auteure y raconte leurs sentiments, leur souffrance, leur état d'esprit et leur vision de la vie après l'accident. Selon Le Figaro, elle considère qu'il s'agit-là de son ouvrage le plus important. Et c'est en partie grâce à ce livre que Svetlana Alexievitch a obtenu le prix Nobel de littérature en 2015.

 

Retrouvez le 4e volet de notre série ce lundi 25 avril. Il sera consacré au développement d'une étrange industrie touristique sur les sites ravagés par la catastrophe.

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