Il n’est ni fou, ni tout à fait sage, Blaise Duvanel. Ses amis, pour expliquer sa démarche, vont jusqu’à convoquer la figure de Socrate. Avec un morceau de carton et un bout de ficelle, le vieil homme a su, pas à pas, répandre le séditieux pouvoir des mots.
A 80 ans passés, fragile dans sa santé, l’intellectuel est descendu dans la rue, déguisé en homme-sandwich, pour défendre l’hôpital du Haut pendant deux ans, à coups de tracts manuscrits. L’écriture y est tremblotante, mais la pensée est claire et séduisante, cinglante et polémiste.
Il paraît même qu’un jour, le vieux monsieur a fait perdre ses nerfs à un puissant personnage de la République, en risquant un petit crochet par le stand du Parti socialiste, son carton autour du cou…
Ce sont ses amis qui racontent l’anecdote, en riant sous cape, sans cacher leur admiration pour cette forme irréductible de militantisme. Alors...