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Une 13e rente AVS: la bonne solution?

L’Union syndicale suisse veut lancer une initiative pour une 13e rente AVS. Ils demandent aussi que les bénéficiaires de prestations complémentaires touchent un 13e versement. Est-ce une bonne solution pour lutter contre la précarité des aînés? Gabriela Medici, Union syndicale suisse, et Nicolas Jutztet, Parti libéral-radical, en débattent.

28 nov. 2019, 17:00
Une 13e rente AVS pour lutter contre la précarité: l’Union syndicale suisse veut lancer une initiative.

Gabriela Medici: «Oui, le plus juste»

Il est de notoriété publique que les rentes AVS sont très basses – bien trop basses! Comparées à l’évolution du niveau des salaires, elles sont d’ailleurs en baisse. Les primes d’assurance maladie, elles, augmentent. Les retraités ont de moins en moins d’argent pour vivre une fois toutes les factures payées. A cela s’ajoute la problématique des rentes du 2e pilier, qui sont en chute libre.

Si nous voulons un système de prévoyance qui permet de vivre une fois l’âge de la retraite atteint, comme la Constitution le prévoit, il faut changer de logique et augmenter les rentes de l’AVS. En effet, l’AVS assure une meilleure égalité entre femmes et hommes, et n’est pas menacée par la chute des taux d’intérêts comme l’est le deuxième pilier!

Notre initiative demande l’introduction d’une 13e rente AVS pour tous, retraités actuels et futurs, bénéficiaires des prestations complémentaires compris. En somme, il ne s’agit que d’un premier pas pour assurer que la Constitution soit respectée.

Du côté du financement, nous proposons, par un projet séparé, d’explorer de nouvelles possibilités du côté de la Banque nationale. Les bénéfices gigantesques accumulés par la BNS pourraient être mis à profit pour alimenter l’AVS. Ce d’autant plus que ces profits se font en partie sur le dos du 2e pilier. Nous voulons tout d’abord proposer cette idée, simple et efficace, au Parlement fédéral. En cas d’échec, l’opportunité de lancer une initiative sur ce sujet sera également étudiée.

En renforçant l’AVS, les syndicats veulent soutenir le système de prévoyance le plus juste, le plus efficace, et le plus stable. Mais surtout, nous souhaitons répondre au problème aigu de la perte de pouvoir d’achat des retraités et de la baisse des rentes. Début de la récolte de signatures au printemps prochain!

 

Nicolas Jutzet: «Non, ce n’est pas responsable

L’initiative lancée par l’USS est en réalité une copie de l’initiative AVSPlus, refusée par la population en 2016. Elle proposait une augmentation des rentes de 10%. Trois années après cette défaite devant le peuple, ils promettent désormais une augmentation d’un peu plus de 8%.

Pourtant, entre-temps, la situation financière de l’AVS s’est encore aggravée. En 2018, le déficit de répartition s’élevait à plus d’un milliard. La raison de ce bilan négatif est connue de tous: l’évolution de la démographie, qui entraîne un déséquilibre de plus en plus lourd entre les actifs et les retraités. Alors qu’il y avait 6,5 actifs pour financer un retraité en 1948, on n’en compte plus que 3,4 aujourd’hui et le rapport sera de 2 pour 1 dans 30 ans.

Cela se reflète dans les chiffres: sans réforme en profondeur du système, les caisses de l’AVS seront définitivement vides en 2034. Il faut adapter le système à cette réalité démographique. De fait, commençons par assurer sur le long terme le financement des rentes actuelles afin de pouvoir garantir le contrat entre les générations. De plus, cette augmentation de toutes les rentes profiterait tant aux personnes qui sont réellement dans le besoin – et qui doivent être soutenues de façon ciblée via les prestations complémentaires – qu’au riche millionnaire qui habite au bord du lac de Zurich.

Augmenter les dépenses alors que l’AVS se trouve d’ores et déjà dans une situation dramatique n’est pas responsable, particulièrement si l’argent dépensé n’est pas ciblé en priorité sur la partie de la population qui en a le plus besoin.

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