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Santé: l'augmentation des franchises est-elle une solution?

Les franchises de l’assurance maladie devraient régulièrement augmenter. Celle de base devrait passer à 350 francs. Le Conseil fédéral a transmis au Parlement le projet que ce dernier lui avait réclamé. Isablle Moret, conseillère nationale PLR du canton de Vaud, et son homologue socialiste Rebecca Ruiz débattent de cette réforme.

06 avr. 2018, 14:34
Les franchises minimum des caisses-maladie pourraient passer à 350 francs.

Isabelle Moret: "Incomplète"

Ça va dans le bon sens, mais elle est incomplète. Il est important de responsabiliser les assurés. C’est un moyen de leur montrer que les franchises vont aussi augmenter en raison de la hausse des coûts.

Elle est incomplète parce qu’il faut toujours penser aux malades chroniques qui vont toujours atteindre leur franchise chaque année. Une motion de mon collègue du PLR Philippe Nantermod propose une modification de l’assurance obligatoire des soins qui prévoit la suppression de la participation aux coûts pour le traitement des maladies chroniques dès lors que la preuve est apportée que les personnes concernées se conforment au traitement qui leur est prescrit. Le système de franchise restera valable pour les prestations qui n’ont pas directement à voir avec la maladie chronique.
Les malades ne seront plus discriminés et auront à leur tour un avantage financier à choisir une franchise à option.

Pour abaisser les coûts de la santé, la franchise est élément un parmi d’autres. Il faudrait aussi que les assurés puissent mieux comprendre leur facture de médecin ou d’hôpital. Qu’ils puissent la vérifier de manière beaucoup plus claire.
Je tiens aussi beaucoup aux réseaux de soins où on place le médecin généraliste au centre. Il peut diriger le patient vers la bonne solution.

D’autres mesures pourraient être prises en matière de négociations tarifaires, de forfaits ambulatoires. Dans ces cas, ilfaudrait que les partenaires puissent s’entendre. Nous avons déjà vu que, dans certains domaines, des accords ont été conclus.

Rebecca Ruiz: "Ça va empirer"

J’en pense beaucoup de mal. En Suisse, les patients paient déjà la part privée la plus élevée des pays de l’OCDE. Il y a une pression particulièrement forte sur la population, sans compter les primes qui étranglent la classe moyenne et qui sont une cause majeure d’endettement. Ça va empirer une situation déjà passablement tendue.

D’un point de vue médical, avec ce type de hausse, le nombre de patients qui renoncent à des soins va augmenter. Aujourd’hui, environ 20% y renoncent pour des questions financières. Si cela augmentait encore, ce serait catastrophique en termes de santé publique et de coûts, car plus on attend pour se soigner, plus c’est cher. Un problème se pose aussi avec des traitements préventifs auxquels certains patients renonceront et ne pourront ainsi pas éviter la survenance de la maladie, par exemple le diabète. Contrairement à une idée reçue, les Suisses vont peu chez le médecin en comparaison internationale. L’augmentation de la franchise ne sera donc pas dissuasive, par contre elle pénalisera la classe moyenne et poussera au renoncement ceux qui ont peu.

Où agir pour baisser les coûts? Intervenir sur les tarifs de manière ciblée en examinant aussi les tarifs appliqués dans les hôpitaux, diminuer les prix des médicaments.

Il faut aussi tout faire éviter la surconsommation médicale. Pour cela, il faut responsabiliser les patients mais les sociétés de médecine doivent aussi s’interroger sur leurs pratiques en se basant sur l’évidence scientifique. Telle opération est-elle indispensable et nécessaire? N’existe-t-il pas un traitement moins invasif et moins cher?

Mais toutes ces mesures prennent du temps! La baguette magique qui va faire diminuer les coûts du jour au lendemain n’existe pas.

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