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Neuchâtel: faut-il instaurer des transports publics gratuits?

Les citoyens neuchâtelois devront se prononcer sur l’initiative populaire «Pour des transports publics gratuits». La date de la votation n’est pas fixée. Le Conseil d’Etat doit encore rendre un rapport sur la question et le Grand Conseil se prononcera. Nous anticipons le débat avec les députés Laurent Debrot (Les Verts) et Fabio Bongiovanni (PLR).

02 oct. 2018, 17:01
Une initiative veut instaurer des transports publics gratuits dans le canton de Neuchâtel.

Laurent Debrot: «Coûts largement couverts»

Force est de constater qu’aucune politique de mobilité n’a réussi à enrayer l’augmentation de nos déplacements en auto. Ça se voit, ça s’entend et ça se compte. Il y a deux fois plus de nouvelles autos que de nouveaux habitants dans le canton. Chaque année, par exemple, le trafic journalier sous la Vue-des-Alpes, augmente de 500 passages! Les routes s’allongent, s’élargissent, les places de parc s’étendent. 

Bref, même si on aime tous le confort de nos autos, la qualité de vie autour se dégrade. Dès lors, on peut remercier chaque personne qui fait un effort pour laisser sa voiture à la maison et décide de se déplacer à pied ou en transports publics. Grâce à elles, nos quartiers sont plus calmes, plus sûrs, plus dégagés… Plus agréables.

Effectivement, comment les remercier? Et comment encourager d’autres à faire le pas? Pour les plus convaincus, le prix des transports publics n’est pas un obstacle… Mais pour une grande majorité, ça l’est. Dès lors pourquoi ne pas baisser le prix des billets? Un franc la course? Au risque de ne facturer plus que le prix des automates et des contrôles. Du moment où plus des deux tiers des frais sont déjà payés par les collectivités, pourquoi ne pas faire le pas de les rendre gratuits?

Depuis longtemps, l’État favorise les déplacements motorisés, comme avec la possibilité de déduire fiscalement nos frais de déplacements. Normalement à hauteur d’un abonnement aux transports publics. Mais bon… pas toujours! Et bien figurez-vous qu’en les rendant gratuits, les gains d’impôts et autres économies de subventionnement couvriraient largement les coûts!

Fabio Bongiovanni: «Une très mauvaise idée»

Il ne suffit pas de dire qu’une idée est bonne pour qu’elle le soit. Si, en Suisse, aucun canton n’a introduit la gratuité des transports, c’est que l’idée est plus populiste que populaire, qu’elle est bien plus coûteuse qu’économique, qu’elle est surtout totalement contre-productive.

Le prix d’abord: la gratuité des transports publics coûtera – même les initiants l’admettent – de 35 à 45 millions de francs. En clair, ce que les usagers ne paieront plus, le contribuable s’en acquittera. Dans le canton, 1 point d’impôt, c’est un peu plus de 7 millions. La gratuité des transports publics pour quelques usagers, c’est 5 à 6 points d’impôts de plus pour tous les Neuchâtelois. 

L’attractivité ensuite: pour Paul Cordier, expert des politiques alternatives de déplacement cité par «Le Monde» en septembre 2013, «la gratuité ne suffit pas à rendre un réseau attractif». Il aurait même plutôt tendance à le péjorer: un transfert modal est certes constaté, mais il surcharge les transports publics qui perdent en ponctualité, en confort et en efficience ce qu’ils gagnent en gratuité. Plus insidieux encore, ce transfert modal se fait aussi bien au détriment de la voiture qu’au préjudice de la marche et du vélo.

Enfin, les initiants financent leur proposition par la suppression des déductions fiscales des frais de transport. Cela signifie que pour tous les Neuchâtelois non-urbains qui font face à une desserte insuffisante, il faudra d’une part payer plus d’impôts (5 à 6 points) et d’autre part déduire moins de leur déclaration. 

Bref, les transports publics gratuits, c’est une très mauvaise idée.

 

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