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Loyers abordables: une initiative fondée?

Soumise en votation fédérale, le 9 février, l’initiative «Davantage de logements abordables» vise à encourager la création de logements d’utilité publique, afin de mieux protéger le marché locatif de la spéculation, selon ses partisans. Baptiste Hurni, conseiller national socialiste et membre de l’Association suisse des locataires, et Yann Sunier, directeur de la Chambre immobilière neuchâteloise en débattent.

08 janv. 2020, 17:00
Les Suisses se prononcent le 9 février sur l'initiative "Davantage de logements abordables".

Baptiste Hurni: «Oui, il n’y a pas d’appartements bon marché en suffisance en Suisse»

C’est une initiative contre la spéculation immobilière. Il n’y a pas d’appartements bon marché en suffisance en Suisse, singulièrement en centre urbain.

Le marché libre est trop soumis à la quête de rendements. Quand une part des immeubles est en mains de maîtres d’ouvrage d’utilité publique, ça fait pression pour baisser les prix. S’il y a une aide à la pierre pour des acteurs dans l’immobilier qui n’ont pas pour vocation le profit, durablement, on maintient un certain nombre de logements à des loyers acceptables.

La relative détente du marché immobilier ces derniers mois ne reflète pas la réalité. Il y a une certaine hypocrisie des milieux immobiliers. Dans les grands centres urbains, il y a une pénurie de logements extrêmement aiguë. Les prix s’envolent pour des appartements médiocres.

Nous demandons d’inscrire dans la Constitution que 10% des nouveaux logements construits soient en mains de coopératives d’habitation pour concrétiser la question du droit au logement, que chacun puisse en avoir un. L’objectif nous paraît réaliste.

Que 10% des nouveaux logements soient aux mains de propriétaires qui ne cherchent pas de rendement, outre les fonds nécessaires pour rénover ou pour reconstruire.

Par ailleurs, il va y avoir beaucoup d’investissements à faire pour l’assainissement énergétique des bâtiments. Les coopératives et d’autres fondations d’utilité publique ne feront pas cette transition sur le dos des locataires.
 

Yann Sunier: «Non, Le marché du logement serait déstabilisé et les rentes de 2e pilier menacées»

Jamais, au cours des 20 dernières années, la Suisse n’a compté autant de logements à louer qu’aujourd’hui. Cela a pour effet automatique de faire baisser le prix des locations. Il existe donc suffisamment de logements de qualité et financièrement abordables. Cela est d’autant plus vrai à Neuchâtel, puisque la moyenne cantonale est de 2,39% au 1er juin 2019.

En refusant l’initiative sur le logement, on fournit immédiatement 250 millions supplémentaires aux coopératives d’habitation en vue de la construction et de la rénovation de logements à loyer modéré, selon des modalités qui sont en place depuis de nombreuses années et qui ont fait leurs preuves.

Les soutiens fédéraux actuels visent à faciliter non seulement la construction mais aussi la rénovation de logements appartenant à des coopératives d’habitation, alors que l’initiative ne concerne que la construction de logements. Cela n’est pas anodin au vu de la nécessité d’intensifier le rythme des rénovations énergétiques en vue de lutter contre le dérèglement climatique.

Outre les aspects environnementaux, cette initiative est catastrophique sur le plan économique. Les caisses de pensions, qui doivent garantir nos retraites, sont très actives dans le secteur immobilier. En cas d’acceptation, le marché du logement serait déstabilisé et les rentes seraient menacées.

Enfin, privilégier les maîtres d’ouvrage d’utilité publique fausse la concurrence et est contraire aux règles de l’économie de marché. La Chambre immobilière neuchâteloise est confiante. Le bon sens des citoyens de ce pays conduira à un refus de cette initiative extrême.

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