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La Confédération sous-estime-t-elle trop les recettes dans le budget?

La Confédération a clos les comptes 2018 avec un excédent de 2,9 milliards de francs, au lieu des 300 millions prévus. En 2017, la différence avait atteint plus de 2,5 milliards. Le Conseil fédéral sous estime-t-il trop les recettes au moment du budget? Le conseiller national UDC Manfred Bühler et son homologue socialiste Samuel Bendahan en débattent.

14 févr. 2019, 16:01
La Confédération a enregistré un bénéfice de 2,9 milliards de francs en 2018.

Manfred Bühler: «Bonne logique»

Ça ne nous empêche pas de faire un budget réaliste. Lorsque nous établissons le budget, nous connaissons la tendance, l’évolution des charges, celles qui augmentent celles qui restent stables.

Ce qui me dérangerait c’est qu’on surestime les recettes parce qu’alors on devrait s’endetter pour combler le trou. Ce qui peut arriver si on a un responsable des finances, entre guillemets, indélicat. On peut enjoliver un budget relativement facilement. Ce ne serait pas honnête face au citoyen.

Le frein aux dépenses nous permet de ne pas dépenser plus que ce que nous pouvons. Maintenant avec le résultat des comptes, on peut se désendetter. Si nécessaire, en période de creux, plus tard, on peut se réendetter. Avec un chômage historiquement bas, on est dans la bonne logique financière. Nous allons passer pour la première fois au-dessous de 100 milliards de dette, ce qui est pas mal.

Si on a des investissements qui rapportent quelque chose et qui sont utiles au pays, je ne suis pas contre. Mais investir pour investir, lorsque les taux remonteront, on va renforcer la dette. Je préfère transmettre aux générations futures une dette de 50 milliards. D’autant que certains investissements entraînent des coûts, qui grèvent les comptes, notamment dans le rail. Ça peut être aussi un cadeau empoisonné.

Il y a des doléances qu’on entend souvent à gauche, selon laquelle on tuerait l’Etat à force d’économies. On voit que les dépenses ont augmenté davantage que la croissance. Ce que nous voulons, c’est freiner l’augmentation des charges. Si tant et peu que ce soit possible. On ne veut pas tuer l’Etat.

Samuel Bendahan: «Pas qu’une erreur»

C’est toujours la même chose. Chaque année, le Conseil fédéral fait des budgets pessimistes de façon exagérée. Après 10 ans, ça ne peut pas être qu’une erreur. Il y a une volonté politique de ne pas donner au Parlement la possibilité de faire des investissements.

Avec le frein aux dépenses, quand on fait un budget en fonction des recettes qui sont prévues, il y a un montant maximum des dépenses prévu. Si les recettes sont sous-estimées, vous limitez artificiellement les dépenses.

C’est très grave. Non pas que nous ayons de l’argent, mais l’incapacité du gouvernement de prédire les résultats et d’exploiter les ressources de notre pays alors qu’il y a tellement de besoins en infrastructures et en investissements dans la formation et la recherche, dans l’énergie et pour le climat, dans la lutte contre la pauvreté. Nous pourrions aussi mettre de l’argent dans le fonds AVS, ce serait mieux que rembourser la dette. Surtout que la rentabilité des investissements est nettement supérieure à la rentabilité des capitaux.

Le Conseil fédéral se complaît dans le fait de présenter des recettes faussement sous-estimées. Mais le vrai problème est du côté du Parlement. Il peut modifier le budget et faire pression sur le Conseil fédéral. C’est le Parlement qui doit changer sa manière de faire.

C’est un des enjeux importants de cette année électorale. Si, au moins, il y a un basculement, ça permettrait de complètement débloquer la machine. Le comportement du PLR et de l’UDC fera des dégâts massifs du point de vue économique. Dans cinq ans, le pays sera moins compétitif.

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