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L’Union européenne fait-elle encore rêver?

Dimanche, les citoyens européens élisent les députés du Parlement. Alors qu’elle semble en crise, l’Union européenne fait-elle encore rêver? Est-elle à même de répondre aux craintes et aux aspirations des citoyens? Comment la Suisse doit-elle revoir ses relations avec elle? Claude Nicati, président de la section neuchâteloise du Nomes, le Nouveau mouvement européen suisse, et Denis de la Reussille, conseiller national POP, membre de la commission de politique extérieure, en débattent.

23 mai 2019, 14:00
L'Union européenne est confrontée à une vague de désamour.

Claude Nicati: «Repenser demain»

L’Europe, aujourd’hui, avec les problèmes que nous connaissons, n’est peut-être plus celle qui faisait rêver lors de sa création. Cette Europe nationaliste à la Orban me fait peur.

La meilleure réponse à apporter est de repenser l’Europe de demain, parce que les gens ont le sentiment que tout se décide à Bruxelles. Si on met sur pied une Europe avec une représentativité des populations et moins de centralisation, cette bataille contre les nationalismes peut être gagnée. Nous pourrions extrapoler cette réponse à la Suisse.

Il faut que nous recréions quelque chose. We should have a dream, quelque chose qui fasse rêver. Mais il faut d’abord résoudre les problèmes politiques, dont le Brexit et après on pourra recréer.

En Suisse, nous sommes maintenant dans une phase très intéressante et ça été consacré dans la feuille de route de Nomes. La Suisse doit accepter ou pas l’accord-cadre. Quoiqu’il advienne, tous les accords bilatéraux vont devenir obsolètes et tomber. Les relations bilatérales ont quand même, elles aussi, une durée de vie limitée.

Si, demain, il n’y a pas d’accord la question se posera beaucoup plus rapidement de savoir si nous sortons des bilatérales ou nous intégrons l’Europe. S’il y a un oui à l’accord-cadre, nous allons peut-être retomber sur l’Espace économique européen, l’EEE, que nous avions refusé le 6 décembre 1992.

Qu’on le veuille ou non, la question se reposera. Ne fût-ce que sous la pression économique. C’est peut-être ce genre de facteur qui va obliger la Suisse à se repenser sans abandonner ses valeurs, dont notre démocratie.

Denis de la Reussille: «Manque d’éthique»

Elle ne fait pas rêver, évidemment. Il y a deux éléments clés qui ne sont jamais résolus ou pris à bras-le-corps, la concurrence fiscale qui appauvrit un certain nombre d’Etats et le manque d’éthique incroyable. A la tête de la Commission européenne, nous avons un homme, Jean-Claude Juncker, qui, pendant des années, a dirigé le Luxembourg, un pays qui pratique le dumping fiscal.

L’autre élément est que, malgré les promesses renouvelées à chaque élection présidentielle en France, on ne s’attaque pas au problème des travailleurs détachés, qui continuent à payer des cotisations sociales bien moindres dans leurs pays d’origine. Socialement, c’est un des principaux problèmes.

Par ailleurs, il y a eu des résultats de scrutins non respectés. Notamment en France pour le traité constitutionnel en 2005, qui avait été refusé. Ça ne contribue pas à rendre l’Europe actuelle très sexy. Je pense que ça peut, en partie, expliquer le repli et la désillusion des gens.

Sans oublier la manière dont l’Union européenne a traité un pays comme la Grèce. Sous la pression, les salaires minimaux ont été baissés de 25%. Sur la problématique de l’immigration, l’UE a aussi laissé tomber la Grèce. Si elle avait permis une sortie de crise plus sociale, ça aurait donné de l’espoir.

Après toutes ces critiques, il y a une chose qu’on doit toujours avoir en tête et avec tous ses défauts, que ça fait 70 ans que nous avons la paix en Europe.

Quant aux futures relations de la Suisse avec l’UE, il est évident que toute mesure ou concession qui se ferait au détriment des salariés suisses est inacceptable.

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