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L'avenir est-il aux cryptomonnaies?

Les cryptomonnaies, le bitcoin notamment, sont au coeur de l'actualité. Représentent-elles l'avenir de la finance et des moyens de paiement? Alexis Roussel, fondateur de la société Bity à Neuchâtel, et Jean-Charles Rochet, professeur à l'Université de Genève, débattent du sujet.

07 févr. 2018, 10:00
Les cryptomonnaies, le bitcoin en tête, sont en vogue.

Alexis Roussel: "Oui, c'est évident"

Bien sûr. C’est une évidence quand on a le nez dedans depuis tant d’années. Arrêter leur développement, c’est comme de dire qu’on va arrêter internet et revenir au téléphone.

En fait, les cryptomonnaies, avant d’être une monnaie, sont une plate-forme de programmation de monnaie. C’est plus efficace, par nature, que n’importe quelle monnaie traditionnelle. Maintenant, il y a toute une infrastructure numérique qui se met en place pour de l’échange de valeur. Nous assistons à un renversement d’infrastructures.

L’avantage de la cryptomonnaie ne situe pas par rapport à la monnaie traditionnelle mais en regard de la monnaie électronique, comme les cartes de crédit, par exemple. Celle-ci est une monnaie qui ne bénéficie pas de sécurité intrinsèque informatique. Ce ne sont que des chiffres sur une base de données avec un système très lourd. Le bitcoin, lui, est sécurisé par des mathématiques. On inverse le paradigme.

En fait, quand j’utilise une cryptomonnaie, j’ai l’assurance que le réseau va garantir mon paiement. Avec la monnaie traditionnelle, je dois me reposer sur des intermédiaires techniques, qui sont supprimés dans le cadre d’un transfert de cryptomonnaie.

Le réseau lui-même, dans son protocole, va dire combien on créera de bitcoins. Si on utilise le réseau, on adhère à ce système mathématique figé. Ce qui est important, c’est l’usage réel de cryptomonnaie. Actuellement, ça monte très fortement. Ça montre qu’il y a une véritable activité, des transactions, car ce sont des gens qui utilisent le système. C’est un des éléments qui donne de la valeur aux cryptomonnaies.

 

Jean-Charles Rochet: "Il faut en débattre"

Il y a deux aspects. D’abord l’aspect technologique. La cryptomonnaie s’appuie sur une nouvelle technologie, qui s’appelle le blockchain. Elle est destinée a avoir de nombreuses applications. Par ailleurs, il y a les cryptomonnaies elles-mêmes, soit la possibilité pour un groupe de personnes de créer sa propre monnaie sans organe de contrôle. Il y a un problème légal: est-ce que les gouvernements et les banques centrales accepteront que des groupes non contrôlés créent une monnaie? Il y a des risques pour les personnes qui spéculent. Ce n’est pas l’aspect principal. Les gens sont libres. Par contre, il y a l’aspect du contrôle des moyens de paiement par la banque centrale, notamment par rapport aux activités frauduleuses. Celles-ci  peuvent passer par ces cryptomonnaies.

La question est de savoir si les Etats souverains doivent contrôler les moyens de paiement. Ça rejoint la problématique qui nous concerne en Suisse: l’initiative sur la monnaie pleine (réd: soumise à votation au mois de juin). 

D’un côté, il y a le bitcoin, monnaie anarchiste. C’est soutenu par le mouvement libertarien et aussi par les geeks, les fanatiques des nouvelles technologies.

A l’autre extrême, au contraire, les partisans de la monnaie pleine veulent que l’Etat contrôle tout seul les moyens de paiement. Les banques commerciales n’en auraient pas la possibilité.

Au final, la technologie du blockchain peut être utilisée par les Etats eux-mêmes. Elle permettrait de concilier l’anonymat et la certification. Quand j’achète une maison, le vendeur a besoin d’une certification. C’est le rôle que joue l’Etat. Le débat politique est ouvert. Il est important que le citoyen soit informé. Qu’il sache ce qui se passe.

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