Pascal Hofer: "L'équité prime"
Disons-le franchement: les expériences menées lors de la dernière Coupe des Confédérations, l’année dernière, n’ont pas été entièrement concluantes, à l’image de pertes de temps qui ont irrité tout le monde. Mais il y a assurément de quoi mieux faire.
Car nous sommes en 2018, que diable! A l’heure où l’on peut visionner en direct les images diffusées par une webcam installée à l’autre bout du monde, il doit bien pouvoir être possible de vérifier en quelques secondes si une importante décision arbitrale était fondée ou non. Et donc d’interrompre un match uniquement si les images montrent que cette décision n’était pas la bonne. En rappelant que l’assistance vidéo ne porte que sur des cas bien précis.
Il est temps d’en finir avec cette fameuse phrase: «Il n’y a que l’arbitre qui ne l’a pas vu.» Elle n’a rien de choquant lors de la quasi-totalité des matches – l’erreur d’arbitrage fait partie du sport –, mais elle devient problématique lorsque des dizaines de millions de téléspectateurs, eux, ont vu ce qui a échappé au corps arbitral.
«La main de Dieu», expression utilisée à propos de gestes commis par Diego Maradona (1986) ou Thierry Henry (2009), c’est bien joli, mais ce n’est plus de notre temps. Ne parlons même pas de la finale de la Coupe du monde 1966 et de ce but validé alors qu’on ne saura jamais si la balle a franchi la ligne ou non. Cela même si cette histoire, depuis, s’est transformée en délicieuse anecdote.
Plus de cinquante ans plus tard, la technologie permet de rendre les compétitions encore plus équitables, comme cela fut démontré, justement, lors de la Coupe des Confédérations, où des erreurs ont été corrigées.
Une dernière chose: le coût de l’assistance vidéo doit être financé par la Fifa et l’UEFA. Elles ont toutes deux assez de sous...
Daniel Droz: "Remonter le fil"
La vidéo va-t-elle faire taire les éternelles critiques à l’encontre des arbitres? C’est ce que souhaite la Fifa, mais pas encore l’UEFA. Utilisée en Italie depuis le début de la saison, elle ne fait de loin pas l’unanimité.
Le système laisse aussi toujours la place au doute. Un but refusé pour un hors-jeu? Et si l’action précédant ce fait de jeu était entachée d’une faute de l’adversaire? Un penalty accordé après visionnement de la séquence? Et si, une seconde plus tôt, avant l’infraction sanctionnée, la balle était sortie du terrain en faveur de l’équipe pénalisée? Et si le coup de coin amenant ledit penalty avait été accordé injustement? Nous pourrions ainsi remonter le fil d’un match de football.
La vidéo n’est pas la panacée. Tout un chacun pourra aussi encore se faire sa propre idée en repassant incessamment les séquences sur son écran.
Si l’arbitre aura le choix de recourir ou non à la vidéo, pourra-t-il résister à la pression des joueurs? Aujourd’hui déjà, ceux-ci lèvent les bras pour la moindre touche, se précipitent sur l’homme en noir à la moindre faute. Sans oublier ceux qui font du plongeon une spécialité. Là, les plus doués ne manqueront pas d’effectuer la figure la plus réaliste possible. Quitte même à l’entraîner, pourquoi pas?
Et, comme «Libération», revenons sur le geste de Zidane en finale de la Coupe du monde 2006. Que lui a dit Materazzi avant qu’il ne se lance tête en avant sur l’Italien? La vidéo n’éclaircira jamais ce mystère. Et, si elle avait pu être utilisée à Wembley en 1966, il n’y aurait jamais eu de prolongation. L’égalisation allemande de la 90e minute était entachée d’un hors-jeu. Nous ne discuterions, du coup, plus du célèbre 3-2 de l’Anglais Hurst, accordé par l’arbitre suisse Dienst. La légende du foot serait perdante, non?