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Faut-il limiter les formations professionnelles en école à plein temps?

Depuis plusieurs années, le canton de Neuchâtel veut favoriser l’apprentissage dual par rapport à l’école à plein temps. N’y a-t-il pas un risque de laisser des jeunes sur le bord de la route? La solution est-elle viable? La députée popiste au Grand Conseil Sarah Blum et son homologue libéral-radical Jean-Paul Wettstein en débattent.

25 sept. 2018, 17:01
En matière d'apprentissage (ici des constructeurs de route au CPMB), le canton de Neuchâtel veut privilégier le dual.

Sarah Blum: «Vite en besogne»

De manière générale, il faut saluer la volonté du Conseil d’Etat de créer des places d’apprentissage, de nouvelles opportunités et qui crée des structures pour accompagner les jeunes. Mais nous allons un peu vite en besogne. L’entrée en apprentissage se fait plutôt à 18-19 ans. Les jeunes qui sortent de l’école n’ont guère de chance. Il y a des employeurs qui n’engagent pas des jeunes de 15 ans. L’économie peut peut-être compenser, mais pas autant que le nombre de classes à plein temps que ferme l’Etat. Nous sommes passés de 15 à cinq à l’école de commerce. Le nombre de places d’apprentissage n’augmente pas de 100 par an. 

Nous voyons aussi, avec les chiffres de l’Office fédéral de la statistique, que beaucoup de jeunes se trouvent sans certification de secondaire 2. De plus, il y a des immenses différences entre régions du canton. Le Haut a davantage de jeunes sans certification du secondaire 2 après 25 ans que le Bas. 

Par ailleurs, un élève qui a des parents qui parlent bien français a beaucoup plus de chances qu’un élève allophone. C’est un pari risqué de laisser un jeune sans formation, à la dérive. Il est mieux de s’en occuper à 15 ans qu’à 25 ans. Un jeune qui n’a pas de certification de secondaire 2 risque davantage de se trouver aux services sociaux à 25 ans. 

Au POP, nous proposons une formation obligatoire jusqu’à 18 ans. Nous nous sommes inspirés du canton de Genève. Il a commencé cette année. Le canton est assez satisfait du projet. Personne ne sera sur le carreau. Ce n’est pas forcément une formation en école à plein temps. Le jeune peut proposer un séjour linguistique, une filière sport-études.

Jean-Paul Wettstein: «Contraint» 

Le canton de Neuchâtel y est contraint par l’état de ses finances. La réalité est que c’est une obligation économique. C’est un dossier très délicat. Les temps changent. Ce n’est pas aussi facile de trouver une place d’apprentissage qu’il y a quelques années.

Clairement le canton ne laisse personne tomber. Il a fait d’énormes efforts. Certains jeunes ne donnent pas de nouvelles. Celui qui ne veut pas faire d’effort, nous ne pouvons pas le forcer. Il a surtout quantité de places vacantes. Les jeunes devraient se dire: ‘J’ai quand même une formation passionnante, même si ce n’est pas mon premier choix, J’y vais à fond.

’En école, j’ai été responsable du secteur des automaticiens. Si vous me dites que, maintenant, il faut dualiser le secteur des automaticiens. Je vous dirai non. Il englobe quatre métiers qu’un jeune ne peut pas apprendre en entreprise. Le jour où on me dira que nous avons un réseau d’entreprises, comme en Suisse alémanique, qui peut offrir cette formation en dual, ce sera différent. 

Le secteur des informaticiens, avec la programmation, le traitement des données, etc., ça ressemble à celui des automaticiens. Nous pouvons trouver sur le marché des entreprises qui touchent à tous les domaines. J’en connais une à La Chaux-de-Fonds, VnV. Mais si ce n’est pas le cas, ce n’est pas bon. L’apprenti passe à côté des trois quarts du métier.

Je suis clairement opposé à une formation obligatoire jusqu’à 18 ans. Si ce n’est pas clairement défini, il y a des jeunes qui vont se dire que nous les laissons tomber. C’est quasiment une punition pour un jeune quand nous lui disons qu’il doit continuer d’étudier même si ça ne lui plaît pas.

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