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Chasse: la modification de la loi vise-t-elle juste?

La modification de la loi sur la chasse, soumise au vote du peuple suisse le 27 septembre prochain, divise les Neuchâtelois Jean-François Sunier, président de la Fédération des chasseurs neuchâtelois et Fabien Fivaz, Conseiller national (Vert).

15 sept. 2020, 17:00
Que vise la modification de la loi sur la chasse, soumise au vote du peuple le 27 septembre prochain?

Oui: «Elle apporte des progrès irréfutables pour l’environnement et la biodiversité»

En premier lieu, cette loi n’a été écrite ni par, ni pour, les chasseurs. Nombre de nos membres en désapprouvent des points. Elaboré durant plus de 6 ans par biologistes et spécialistes, le texte vise aussi la protection des mammifères et des oiseaux sauvages, et apporte des progrès irréfutables pour l’environnement et la biodiversité. On en trouve hélas peu trace dans les médias, où pullulent les annonces réductrices des opposants.

Comme les chambres fédérales, les milieux agricoles et cynégétiques ou le Groupement suisse des régions de montagne, la Fédération des chasseurs neuchâtelois appelle les citoyennes et citoyens à rejeter ces propos extrémistes. Seul un «oui» fera profiter la faune des «plus» attendus: les millions pour les corridors à faune, les réserves d’oiseaux migrateurs, les sites de protection et leur surveillance (voyez le Creux-du-Van…).

Une loi d’abattage? On se pince: même en cas de dégâts ou dangers avérés, les tirs de grands prédateurs demandés par les cantons à l’Office fédéral de l’environnement seront soumis à recours (et si tirs il y a, ils seront confiés aux gardes professionnels).

Alors que le loup revient dans nos restreintes contrées, la loi veut éviter, comme pour le lynx, qu’il ne soit contraint de se familiariser à l’homme par manque d’espaces.

Quant à nous, même si nous perdons des plumes – douze espèces de canards qui ne seront plus chassables, périodes de protections allongées, nouvelles obligations (tirs de sécurité, chien de rouge) –, et même si la loi n’en dit rien, nous renouvellerons nos actions d’entretien de biotopes et de protection au bord des routes et avant les fauches. «Oui!» Car nous ne faisons pas qu’aimer la nature. Nous la vivons.

Non: «La révision ne va pas dans le sens de la protection de la biodiversité»

La biodiversité est en crise: un tiers des espèces et la moitié des habitats naturels sont menacés de disparition en Suisse. Toute adaptation de la loi devrait aller dans le sens de leur protection. Ce n’est pas le cas du projet qui nous est soumis, qui permet de continuer à chasser des espèces menacées, par exemple la bécasse des bois ou le lièvre brun, et qui permet de chasser dans des réserves pour la faune, les districts francs.

Comme biologiste, mon premier mandat professionnel consistait à digitaliser les données des revues de chasse pour documenter l’éradication systématique des grands prédateurs – ours, loups et lynx – de la Suisse. Hormis quelques individus erratiques, ils avaient tous disparu au début du 20e siècle. Il a fallu presque 100 ans pour qu’ils réapparaissent. Malgré la fragilité des populations, les chasseurs demandent depuis 2016 de pouvoir à nouveau tirer des lynx dans le canton de Neuchâtel, alors même qu’ils occasionnent que très rarement des dégâts aux animaux de rente et qu’ils ont un effet bénéfique sur la santé de nos forêts. La nouvelle loi permet leur régulation préventive sur simple décision du Conseil fédéral. C’est inacceptable.

Du point de vue scientifique, la nature n’a pas besoin d’être gérée; les espèces animales n’ont pas besoin d’être régulées. Bien au contraire, la nature a besoin d’espace et de temps pour s’épanouir. Elle offre alors des services irremplaçables: la fertilité des sols, la productivité, l’épuration des eaux, etc. La révision de la Loi fédérale sur la chasse et la protection des mammifères et oiseaux sauvages ne va pas dans ce sens. Le Parlement doit revoir sa copie. Je dirai «non» le 27 septembre.

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