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Canton de Neuchâtel: faut-il libéraliser les happy hours?

Le Grand Conseil neuchâtelois doit se pencher sur la question des happy hours à la suite d’une motion des jeunes PLR. Celle-ci demande que cette pratique, qui consiste à payer un verre d’alcool sur deux, en général en fin d’après-midi, soit libéralisée et non plus interdite comme aujourd’hui. Le député socialiste et médecin scolaire Souhaïl Latrèche et le président des Jeunes PLR neuchâtelois Nicolas Jutzet en débattent.

27 août 2019, 17:00
Les Jeunes PLR ont déposé une motion pour l'autorisation des happy hours ou autres jeux incluant de l'alcool.

Souhaïl Latrèche: «La consommation est encouragée»

Nous avons remarqué que c’est une question générationnelle entre les jeunes qui souhaitent avoir accès à une consommation d’alcool à des prix moins élevés et les gens plus âgés. Les premiers veulent avoir plus et les seconds ont la crainte que ça déborde.

Avec des happy hours, la consommation est encouragée. Le Conseil d’Etat recommande le refus de cette motion. C’est une bonne chose. Ce n’est pas le débat du siècle pour notre canton.

Voir des jeunes de 13-14 ans, qui titubent dans la rue et sont pris en charge par des urgentistes durant les fêtes populaires, ce n’est pas l’image que je me fais de la jeunesse.

Sur le plan médical, la consommation d’alcool ne diminue pas chez les jeunes. Au contraire, tous les milieux de la prévention pointent du doigt une augmentation depuis 2014, particulièrement en raison de la libéralisation dans notre pays. On peut obtenir une bouteille de spiritueux à moins de 10 francs.

Les jeunes consomment davantage et plus vite, quatre verres chez les femmes, cinq chez les hommes. C’est un risque pour leur santé. Et quatre cinquièmes des jeunes Suisses ont accès à l’alcool alors qu’ils n’ont pas l’âge légal pour en consommer ou en acheter. Ça va à l’encontre du travail que nous menons pour la prévention. Notre canton a autre chose à faire qu’aller dans ce sens-là.

Nous voyons que l’économie prime sur la santé. C’est aussi le cas dans le domaine de l’obésité. Les produits et les boissons sucrés se trouvent en abondance dans les grandes surfaces et accessibles facilement. Et nous ne savons pas ce qu’il y a dedans et ce que nous mangeons. Le lobby alimentaire est très fort.

 

Nicolas Jutzet: «Légaliser une pratique courante»

Depuis 2015, il est interdit «d’augmenter la vente de boissons alcooliques par des jeux ou des concours». Par ailleurs, il est interdit d’offrir de l’alcool «à forfait ou à des prix ne couvrant pas les coûts». Ces deux interdictions devaient théoriquement empêcher l’existence de «happy hours» et les jeux, tel le beer pong.

Cependant, quelques années plus tard, la réalité est bien différente. Ces pratiques font partie intégrante de la vie des bars. L’interdiction – qui n’est visiblement pas une réponse adéquate – vient de remporter le «Paragraphe rouillé 2019» qui distingue la loi «la plus inutile» de l’année en Suisse. Notre but est avant tout de mettre un terme à une situation hypocrite qui voit une pratique théoriquement proscrite, mais pratiquée chaque week-end.

Une adaptation de la loi à la réalité renforcerait la crédibilité du législateur auprès du public, notamment les plus jeunes. La législation existante dans d’autres cantons démontre qu’il est possible d’allier prévention et autorisation.

Il ne s’agit pas d’encourager la consommation d’alcool, au contraire: permettre aux jeunes de jouer à de tels jeux dans des établissements publics permet d’encadrer cette activité. Car il n’est pas rare que certains – en dehors des bars – s’y adonnent avec des alcools forts et s’exposent à des risques indésirables.

Il s’agit donc d’adapter la législation à la réalité sans encourager une consommation d’alcool plus importante, mais en lui offrant un cadre.

Car pour nous, la liberté va toujours avec la responsabilité!

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