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Bruit: le Grand Conseil neuchâtelois fait-il fausse route?

Le Grand Conseil neuchâtelois a renvoyé en commission un projet d’aménagement de revêtements phono-absorbants pour limiter les bruits routiers. Une majorité de députés préconise une baisse de la limitation de la vitesse. Aël Kistler, député vert’libéral, et René Curty, son homologue PLR, en débattent.

21 févr. 2019, 16:00
Le Conseil d'Etat rénover certaines routes – ici la rue Numa-Droz à La Chaux-de-Fonds – pour diminuer les nuisances sonores. Le Grand Conseil a renvoyé la copie à l'expéditeur.

Aël Kistler: «Pas durable»

Premièrement, tous les travaux sont, par définition, générateurs de gaz à effet de serre. Au cas où certaines personnes du monde politique ne l’auraient pas remarqué, la population s’est mise en marche contre l’attentisme politique en matière de protection du climat. Il nous paraît clair que des mesures plus frugales en énergie sont à prioriser.

Deuxièmement, une réduction de la vitesse, si elle est bien gérée, engendre une diminution de l’émission de CO2 par les véhicules puisque la consommation est corrélée à la vitesse de manière quadratique.

Troisièmement, en milieu urbain, la vitesse moyenne d’une automobile est d’environ 15 kilomètres/heure en raison de la nécessité d’implanter des feux aux carrefours. Ce qu’une réduction de la vitesse peut rendre caduc et, de ce fait, augmenter la fluidité du trafic.

Quatrièmement, la diminution de la vitesse a un impact favorable sur les planifications des infrastructures de mobilité douce, à savoir trottoirs et bandes cyclables, puisqu’une vitesse plus basse exige des gabarits d’infrastructures plus modestes.

Cinquièmement, l’effet des revêtements phono-absorbants n’est pas durable. Il s’agira donc de les changer à intervalles réguliers. Autrement dit, des coûts à pérenniser dans les années à venir.

Sixièmement, il semblerait que les revêtements phono-absorbants ne puissent pas être implémentés au-dessus d’une altitude de 800 mètres. Pour des questions de cohérence cantonale, il nous semble logique d’appliquer les mêmes mesures sur l’ensemble du territoire. La matière grise doit primer sur l’énergie grise.

 

René Curty: «Démagogie totale»

De proposer le 30 kilomètres à l’heure sur toutes les routes du canton, il n’y a rien de constructif. Là derrière, il y a aussi autre chose. Certains milieux veulent mettre de plus en plus d’entraves au trafic motorisé et tous les moyens sont bons.

A travers des propositions pareilles, on torpille les efforts du canton pour améliorer les choses en matière d’attractivité.

Le bon moyen pour réduire le bruit du trafic, dans le haut du canton notamment, c’est l’évitement autoroutier des villes, qui devrait être réalisé dans les années à venir. Après, nous pourrons faire la modération du trafic.

Pour ce qui concerne les revêtements phono-absorbants à plus de 800 mètres d’altitude, nous aurons peut-être une solution à ce problème dans quelques années.

Quand on dit, sous ce prétexte, qu’il ne faut pas en mettre dans le bas du canton, on est dans la démagogie la plus totale. Si on veut braquer le Haut contre le Bas, on émet des idées pareilles.

Il faut savoir qu’en commission, le rapport a été accepté à l’unanimité. Ce qui est déplaisant, c’est que certains, qui n’ont pas pu avoir quelque chose en commission, le font ensuite devant le Grand Conseil. Ce n’est pas comme ça qu’on fait avancer les choses. Tout le monde n’est pas obligé de suivre l’avis de son parti, mais il y a quand même des limites.

Par ailleurs, si on veut surfer sur la vague de la protection du climat, on ne rehausse pas les quais du Littorail pour que les handicapés puissent rentrer dans le tram. Ça engendre également des nuisances climatiques.

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