Yvan Perrin: «Acte de soumission»
S’il fallait un argument supplémentaire pour se convaincre que le durcissement de la loi sur les armes exigé par la Commission européenne est nul et non avenu, il suffirait d’écouter les partisans du texte.
D’une manière générale, lorsqu’on présente un bon projet, on en vante les mérites, on liste les avantages qu’il présente et on tente de convaincre l’électeur, comme le fait votre maraîcher avec ses légumes ou votre garagiste avec votre prochaine voiture.
Dans le cas qui nous occupe, il n’est pas question de cela, la directive européenne ayant d’ores et déjà failli dans les pays qui l’appliquent. Conçu initialement pour lutter contre le terrorisme, ce texte liberticide n’a en rien résolu ni même atténué le phénomène comme on a pu le voir lors de l’attentat de Strasbourg le 11 décembre dernier ou tout récemment avec la nouvelle mode qui consiste à animer les quartiers nord de Marseille à coups de rafales de kalachnikovs.
Ce texte n’est rien de moins qu’un nouvel acte de soumission à l’Union européenne.
Comme rien ne plaide en faveur de la bureaucratie bruxelloise, les thuriféraires restent sans voix face au vide sidéral en matière d’arguments. Dans l’impossibilité de convaincre, les partisans menacent. Si nous ne reprenons pas goulûment la directive qu’on sait inutile, l’Union européenne nous frappera des feux de l’Enfer, on nous promet la fin du monde.
Ce discours résonne aux oreilles de celles et ceux qui l’ont déjà entendu en 1992. En fait, ce texte n’est rien de moins qu’un nouvel acte de soumission à l’Union européenne, sur la route de l’accord-cadre. Le 19 mai prochain, nous aurons le choix entre la peur et la raison. Et la raison, c’est dire non.
Nicolas Félix: «Meilleur contrôle»
Cette modification a l’avantage de soumettre la détention d’armes semi-automatique à chargeur de grande capacité – des armes de guerre – à une autorisation exceptionnelle et de tirer de l’ombre nombre de ces armes qui devront être annoncées.
Dans les faits, elle ne proscrit pas leur détention mais il faudra justifier de leur possession, par exemple, par la pratique du tir sportif. Selon les estimations du Small arms survey, 3,4 millions d’armes à feu sont en circulation en Suisse, soit une des plus fortes densités au monde.
Dans ce contexte, la modification participera aussi d’un meilleur monitoring du phénomène. Il en va de la sécurité comme de la santé publique. Les armes à feu sont un des principaux moyens pour se donner la mort et 90% des décès par balle sont des suicides. Il est prouvé qu’un meilleur contrôle de l’accès aux armes à feu contribue à la diminution de ces cas de décès.
Il est prouvé qu’un meilleur contrôle contribue à la diminution des cas de décès.
La position des tireurs sportifs est difficilement compréhensible, ceux-ci devraient soutenir la modification. Ils pourront continuer employer ces armes pour pratiquer leur sport. La modification renforce le rôle des sociétés de tir et tend à un meilleur encadrement du tir sportif.
La présence d’armes dans la société représente un facteur de risque et la collectivité n’a pas à en faire les frais. Dans ce contexte, la loi est extrêmement minimale. L’octroi d’une autorisation extraordinaire ne prend, par exemple, pas en compte la capacité avérée à manier l’arme avec sûreté. L’introduction du devoir de justifier du besoin de la détention d’une telle arme va cependant dans le bon sens. Il conviendrait d’étendre cette exigence à d’autres types d’arme.