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GiedRé au Chant du Gros: "Ma seule limite, c'est peut-être la méchanceté"

Contrairement à ce que ses textes caustiques et bourrés d'humour noir laissent entendre, la chanteuse GiedRé aime les gens. Elle nous l'a prouvé lors de notre entretien ce vendredi, peu avant son concert au Chant du Gros.

07 sept. 2018, 23:32
Sous ses airs mutins, GiedRé porte un regard caustique sur le monde.

Lorsqu'on la voit arriver avec sa jupe fleurie, sa veste à capuche rose et ses mèches blondes, difficile de l'imaginer sur scène contant l'histoire d'une mère à bout prête à tuer son enfant ou de Jean-Do, nécrophile occasionnel. Et pourtant.

Sous ses airs de Fée Clochette, GiedRé taille dans les conventions sociales comme un boucher oeuvre dans un abattoir.

Mais n'allez pas croire que la chanteuse française d'origine lituanienne a tiré une croix sur l'espèce humaine. "Sinon je n'essaierais pas d'en montrer le côté sombre pour y mettre un peu de lumière. Je crois que l'on vaut mieux que ce que l'on est", nous a-t-elle confié ce vendredi au Noirmont. Interview.

Qu'est-ce qui vous fait rire? Ou au contraire pas rire?

Ce qui ne me fait pas rire, c’est les trucs un peu faciles, les blagues sur les escalators qui commencent par « T’as remarqué quand tu vas au supermarché… » Moi ce qui me fait rire, c’est quand il y a un peu plus que la blague derrière. C’est pour ça que j’aime bien l’humour noir, un peu ambivalent, où tu rigoles parce que si tu ne rigoles pas, tu pleures.

Quels thèmes ne pourriez-vous pas aborder? Par pudeur par exemple...

Les thèmes ? Je ne m’interdis rien, après si je n’ai rien à dire… Ma seule limite, c’est peut-être la méchanceté. J’essaie de ne pas être méchante gratuitement.

Les enfants sont souvent innocents dans vos chansons...

Le mythe des enfants innocents et gentils, ce n’est pas forcément vrai. Les enfants peuvent dire « Regarde comme la dame est grosse et moche! » Quand on est adulte, il y a aussi des codes sociaux qui nous invitent à arrêter de faire ce genre de trucs.

L'une de vos dernières chansons, « Rho ça va », raconte un viol collectif. Quel est votre regard sur le mouvement #Metoo?

Tout le monde a quelque chose à en dire car cela a explosé, a fait tache d’huile. J’ai juste peur que cela reste superficiel, une espèce de lynchage médiatique, mais qui, au fond, ne change pas les vrais problèmes, de culture, d'éducation, de société.

Pensez-vous que vous chansons puissent faire changer quelque chose?

Ce serait très présomptueux de ma part de penser que cela peut changer quoi que ce soit. Je ne fais pas partie des personnes qui pensent que l’art peut changer le monde. Au mieux, si cela peut peut-être susciter un intérêt chez une, deux, trois personnes, c’est déjà une victoire.

Une chanson, ça peut être une petite porte entrouverte par laquelle les gens peuvent voir qu’il y a un truc derrière. Mais après c’est à eux qu’il incombe d’ouvrir grand la porte et de regarder.

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