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Une éthique des objets connectés se construit chez Geosatis au Noirmont

Au Noirmont, Geosatis conçoit des bracelets électroniques. Alternative à la prison ou aide à la réinsertion, ces objets connectés évoluent en terrain sensible. Ce qui les rend particulièrement intéressants pour envisager l’avenir des technologies connectées dans l’industrie.

16 mars 2019, 12:00
José Demetrio, patron de la start-up jurassienne Geosatis, qui produit des bracelets électroniques.

Au Noirmont, Geosatis conçoit des bracelets électroniques destinés à la justice pénale et l’administration pénitentiaire. Alternative à la prison, ou moyen de suivre la réinsertion des anciens détenus, les bracelets de Geosatis sont bourrés d’électronique. Cartes SIM pour la transmission de données, système de géolocalisation, éléments permettant de prévenir les tentatives de sabotage, enregistrement des mouvements, état de charge des batteries, etc.

José Demetrio, fondateur de Geosatis, baigne donc dans l’internet des objets. Pour lui, ces objets connectés ne valent que s’ils sont conçus dans un environnement numérique qui leur est destiné: applications web, système pour tirer parti des données, etc. Dans le cas d’électronique grand public, un tel environnement permet des interactions utiles entre les objets connectés et l’environnement technologique à disposition (téléphones portables, ordinateurs). 

Dans le cas de Geosatis, développer un tel «écosystème» consiste «à fournir des applications mobiles pour chaque usage»:  par le justiciable porteur du bracelet, par la police et la justice, etc. Il faut aussi fournir des systèmes capables d’interagir avec les logiciels utilisés par les professionnels des différents métiers concernés.

Règles strictes

Dans un domaine, la justice pénale, dont les données sont évidemment sensibles, le fabricant a dû d’emblée établir, et s’imposer à lui-même, des règles strictes en matière d’éthique et de transparence. Les Etats clients du bracelet électronique doivent compter parmi ceux qui respectent les droits de l’homme. Ils s’engagent aussi à se conformer à une charte éthique. Celle-ci impose la transparence envers les porteurs du bracelet sur ce qui est récolté et transmis aux autorités.

Désormais, l’entreprise développe aussi, à partir de cette expérience, d’autres produits destinés à la logistique ou aux véhicules. En conservant les principes qu’elle a définis pour le marché des bracelets électroniques.

«Tous les empires ont une fin»

Pour José Demetrio, les objets connectés vont se multiplier dans nos vies. Et il faudra apprendre à gérer cette intrusion: «Pour le moment, nous laissons trop facilement les entreprises doter les objets qu’ils nous vendent de véritables hameçons.» Capteurs, micros et caméras récupèrent des données. Et pour le moment, ce sont les Gafa, les géants du web américain, qui en profitent.

«Mais tous les empires ont une fin. Les jeunes sont déjà plus critiques que nous par rapport à cette situation. Leur éducation et leur pratique des nouvelles technologies obligeront les fabricants à être plus transparents», assure l’ingénieur. «Parfois, nous ne savons même pas lorsque les «valets», les petits robots d’appartement, ou même les télévisions, collectent des informations et les envoient sur les serveurs d’un fabricant. Je pense qu’à l’avenir, il faudra un indicateur, lumineux par exemple, sur tous les objets lorsqu’ils récoltent et transmettent des données.»

Une prise de conscience qui est d’autant plus nécessaire que, pour José Demetrio, certaines entreprises vont très loin dans leur volonté de pénétrer l’univers de leurs utilisateurs. Amazon fournit déjà des serrures autorisant l’accès à ses livreurs, afin que ceux-ci puissent livrer vos courses directement dans votre cuisine.

Hébergement de données: la Suisse bien placée

En s’attaquant à un secteur sensible, Geosatis fait donc œuvre de défricheur pour certaines questions éthiques posées par les objets connectés et la récolte de données: «Le justiciable qui porte un bracelet est informé des données obtenues et transmises par le bracelet. Il doit pouvoir s’y opposer.»

L’utilisation principale des bracelets, c’est bien sûr de garder un œil sur les déplacements des justiciables. Mais il existe aussi des moyers pour anonymiser les données, afin que celles-ci puissent être utilisées à des fins d’analyse sans comprometre les droits des utilisateurs.

Ces pratiques sont établies en conformité avec la protection des données, en Suisse, et des institutions équivalentes à l’étranger, la Commission informatique et libertés par exemple, s’agissant de la France.

Par ailleurs, les données sont traitées dans des data centers dans le pays concerné, ou en Suisse: «Notre pays est bien placé pour offrir ce genre de service en raison de sa stabilité et sa réputation de neutralité, mais aussi grâce à son expérience bancaire. Les données de certains de nos clients sont situées sur des serveurs à Zurich dans un endroit où je ne peux même pas entrer. Seuls eux y ont accès.»

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