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Chronique égalité: «La mise en lumière du travail de soins»

Jusqu’au dimanche 14 juin, nous donnons chaque 14 du mois la parole aux membres du Collectif Neuchâtelois pour la grève féministe. Aujourd’hui, Manon Hobi évoque son métier dans la santé et la nécessaire reconnaissance de ces femmes, largement majoritaires dans ce domaine.

14 avr. 2020, 05:30
Une récente statistique de l’Observatoire de la santé montre qu’en Suisse près de 80% du personnel soignant sont des femmes.

Le Covid-19 a eu des effets divers et variés, parmi ceux-ci, le fait que les gens se soient mis à applaudir le personnel de la santé et comprennent que les femmes de ménage et les caissières ne sont pas des meubles, mais des vraies personnes. Aujourd’hui, je vais parler principalement des soignantes, mais j’aimerais qu’on n’oublie pas toutes les femmes qui travaillent dans le care au sens large, de manière directe ou indirecte.

Une récente statistique de l’Observatoire de la santé montre qu’en Suisse près de 80% du personnel soignant sont des femmes. Pour la majorité, nous sommes infirmières, assistantes en soins et santé communautaire et aides-soignantes.

Nous sommes parmi les professions les plus invisibilisées et les plus corvéables.

Ces métiers, on entend souvent dire que c’est une vocation. On entend aussi de plus en plus que nous sommes des héroïnes. Lorsqu’on choisit de pratiquer un de ces métiers, c’est tout d’abord parce qu’on croit en certaines valeurs, humaines, de partage et de soutien aux personnes en situations nécessitant un accompagnement. Parfois on sauve des vies, parfois on tient la main d’une personne mourante et on sauve les meubles.

Nous sommes prêtes à travailler à des horaires particuliers. Mais à l’heure où nos formations sont de plus en plus pointues, à l’heure où nous avons acquis un rôle autonome, aux yeux de la Confédération nous avons toujours une cornette sur la tête.

Nous sommes parmi les professions les plus invisibilisées et les plus corvéables. La dotation en personnel soignant est calculée selon un ratio soins/lit. Sur le terrain, on doit faire plus avec moins.

De la naissance à la mort, quelle que soit la problématique, nous veillons à vos besoins, nous observons vos symptômes, nous vous entendons vous et vos proches. Nous sommes là lorsque vous traversez une crise dans votre vie. On le faisait bien avant le Covid-19, qui a amené de nouvelles problématiques et de nouveaux défis.

Ce que nous voudrions, à la suite de cette crise: que toutes les professions du care soient revalorisées, tant d’un point de vue formation que rémunération, car il faut attirer des jeunes dans nos domaines, qui ne quitteront pas la profession après moins de dix ans de pratique faute de salaire décent ou à cause de l’épuisement physique et moral.

Il faut plus de places disponibles dans nos écoles et plus de facilités pour y entrer. La revalorisation de nos métiers doit aussi se faire à tous les niveaux, y compris pour les aides-soignantes et les assistantes en soins et santé communautaire. Une revalorisation des dotations serait également souhaitable, pour travailler autrement qu’à flux tendu.

Au vu de l’impact que la santé peut avoir sur la société, il est primordial d’en faire une priorité. Et il serait souhaitable que le travail du care ne soit plus victime de son statut de «profession féminine».

Le jour où les équipes soignantes ne seront plus cachées derrière les médecins, le jour où les bénéficiaires de soins seront pris en charge de manière holistique avec des moyens humains adaptés, on sera bon dans ce qu’on fait, et pas seulement compétitif comme un domaine économique lambda.

Pour connaître nos revendications féministes urgentes en matière de care, rendez-vous sur grevefeministe.com.

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