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Chronique égalité: «Du respect et de la reconnaissance du temps des femmes»

Jusqu’au dimanche 14 juin, nous donnons tous les 14 du mois la parole aux membres du Collectif neuchâtelois pour la grève féministe. Aujourd’hui, Jillian Blandenier évoque notamment la gestion du foyer.

14 févr. 2020, 05:30
La charge mentale produite par la gestion du foyer et de la vie quotidienne pèse sur les femmes tout au long de la journée.

Le 8 mars a lieu la journée internationale de défense des droits des femmes. En 2020, fortes de l’impulsion donnée par la grève féministe du 14 juin 2019, les membres des collectifs féministes suisses souhaitent joindre leurs forces à celles des femmes* du monde entier, et vous appellent à faire grève, vous, femmes.

Cette année, le 8 mars tombe sur un dimanche; ainsi, une des revendications principales de cette journée de grève est celle du respect et de la reconnaissance du temps des femmes. En effet, certaines personnes se demanderont peut-être comment faire grève un dimanche: ces personnes ne sont certainement pas encore familières avec les concepts de charge mentale et de charge émotionnelle.

D’abord théorisée en 1984 par la sociologue française Monique Haicault dans son article «La gestion ordinaire de la vie en deux», la charge mentale désigne la charge psychologique amenée par les tâches ménagères et les responsabilités sociales, et, plus généralement, la gestion du foyer. Ainsi, en plus de nos journées de travail rémunéré, Haicault constate que dans un «empiétement d’un univers sur un autre», la charge produite par la gestion du foyer et de la vie quotidienne pèse sur les femmes tout au long de la journée.

La charge mentale désigne la charge psychologique amenée par les tâches ménagères et responsabilités sociales, et, plus généralement, la gestion du foyer.

Plus récemment, c’est la dessinatrice Emma qui remet ce concept sur le devant de la scène avec sa BD «Fallait demander», partagée plus de 200 000 fois sur Facebook – soulignant ainsi sa pertinence toujours douloureusement actuelle. La charge émotionnelle, elle, est conceptualisée en 1989 par Arlie Russell Hochschild: utilisé d’abord dans le contexte du travail rémunéré, le terme est ensuite repris par des théoriciennes féministes, postulant que la gestion des émotions de nos proches au mépris de notre propre confort est profondément genrée.

Ce sont ces charges qui parasitent notre temps, nourries par un discours populaire toujours imbibé d’idées discrètement conservatrices présentant la gestion du foyer par les femmes comme normal ou même «naturel». Ce sont ces charges qui nourrissent elles-mêmes un système où la gestion du quotidien et des émotions des autres devient une pseudo-seconde nature, concentrant majoritairement ce travail d’économat, de soin et de soutien émotionnel sur les femmes, et c’est pour souligner la répartition inégalitaire de ce travail essentiel que nous vous appelons toutes à faire grève ce dimanche 8 mars.

NOTE

Ici, «femmes*» désigne toutes les personnes oppressées par le patriarcat, soit les femmes, les personnes trans et les personnes non-binaires.

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