Le bouquin était plutôt pas mal: Série noire, année 1950, histoire de «privé » américain…
Mais le traducteur avait dû passer une nuit agitée, ou alors il avait décidé de tout envoyer valser. Il avait traduit «Whisky on the rocks» par «Whisky sur les rochers». Bon, c’était exact dans l’absolu et ça mettait une petite touche de surréalisme poétique dans ce monde de brutes…
Depuis toute petite, je raffole des «polars» (terme dépréciatif pendant longtemps, mais ça change heureusement. Comme les «petits Mickey» qui ont conquis leurs lettres de noblesse, n’est-ce pas ma chère Claire Bretécher).
Donc, les polars, plus ça va, plus j’en lis. Car, depuis toute petite également, j’adore qu’on me raconte des histoires. Et ça, les auteurs de polars savent faire. Ils sont forcés, le propre de ces romans étant de maintenir jusqu’à la fin la fascination du lecteur.
C’est un exercice extrêmement difficile, qui demande beaucoup de rigueur et beaucoup de travail. Beaucoup plus que ces auteurs qui se complaisent dans «moi, mes problèmes, mon vécu, mon nombril»…
Tout ça pour lancer un grand coup de chapeau à Mary Higgins Clark, qui vient de nous quitter. Elle était pleine d’humour et de chaleur humaine, pour autant que j’aie pu le voir à travers ses interviews. Veuve toute jeune avec cinq enfants à élever, elle avait accumulé les petits boulots avant d’en arriver au succès que l’on sait. Et de provoquer par la même occasion tant d’heures de plaisir à tant de lecteurs.
Bien sûr, elle insistait un peu sur les belles fringues, les beaux apparts et les beaux quartiers des milieux privilégiés qu’elle décrivait.
Mais pas seulement.
«La nuit du renard», elle se déroulait dans les bas-fonds de la gare centrale de New York. Et c’était un vibrant plaidoyer contre la peine de mort.
Alors, merci Mary.