Dystopie: le genre fait souvent recette en littérature. Pensez à Aldous Huxley et «Le meilleur des mondes», George Orwell et son «1984» ou encore, plus près de nous, Michel Houellebecq et «Soumission». Ce dernier imagine un musulman s’installant à l’Elysée.
«Impossible ici» – «Cela ne peut arriver ici» dans son titre original – emprunte aussi à ce genre. En 1935, Sinclair Lewis, prix Nobel de littérature cinq ans plus tôt, met en scène un politicien, Berzelius Buzz Windrip, usant de grosses ficelles pour accéder au pouvoir, la désinformation n’étant pas la plus petite d’entre elles. Il bat Roosevelt lors des élections. Le populiste président établit une dictature personnelle, enferme les opposants et s’appuie sur une milice privée. Tout tourne mal et la guerre civile embrase les Etats-Unis.
Extrait: «En dépit de grèves et d’émeutes éclatant un peu partout dans le pays et des répressions sanglantes qui les suivaient, Windrip maintenait son pouvoir à Washington. Les quatre membres les plus libéraux de la Cour suprême démissionnèrent et furent remplacés par des jurisconsultes totalement inconnus, mais qui appelaient le président Windrip par son petit nom.»
Vous me voyez venir. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé n’est pas purement fortuite. La fiction ne pourrait-elle pas rattraper la réalité? «Impossible ici», nous répète-t-on depuis quatre ans. Vraiment?