Elle est née en 1928. Mariée pendant la plus grande partie de sa vie, elle a donné naissance à quatre enfants. Ses enfants ont eu six enfants. Et ses petits-enfants ont eu cinq enfants. Il ne s’agit pas d’un problème de mathématiques mais de ce que cette femme a de plus important: sa famille.
Elle a constamment œuvré pour le bien-être des siens. Femme au foyer, elle a toujours su garder sa grande maison propre en ordre. Et à 91 ans, elle continue. Rester en place, ce n’est pas son genre. Ses enfants ont réussi à lui faire prendre une femme de ménage il y a quelques années. Une épreuve pour elle. Car, comme elle l’affirme avec une pointe de mélancolie, «mon ménage, ça a toujours été mon travail. Et je n’y arrive plus comme avant.»
Il n’est pas facile de lui faire entendre raison. De lui faire comprendre qu’il est normal qu’elle bouge plus lentement. Qu’elle soit fatiguée. Ou qu’elle ne puisse plus nettoyer son galetas (!). Ça la fait toujours un peu bouder.
Récemment, elle a dit qu’elle se trouvait trop vieille pour venir voir le feu d’artifice de la Fête des vendanges. Mais elle a pu admirer le spectacle sur une chaise, dans la baie de l’Evole. «J’aurai vu quelque chose de beau avant de mourir», a-t-elle soufflé. Même si ça m’a bouleversée, j’ai trouvé ses propos magnifiques.
Car s’il y a bien un trait de caractère que j’aimerais conserver de ma grand-maman, c’est sa capacité d’émerveillement.