«Maman, c’est génial, le Swiss Vapeur Parc rouvre ce week-end! On peut y aller? S’te plaîîîîît…» Mes deux bambins me regardent d’un air suppliant. Privés d’attractions durant trois mois, condamnés à de multiples balades en forêt, à des sessions de cueillette d’aïl des ours dans des lieux reculés, à des tours à vélo dans la campagne profonde, ils sont comme des lions en cage.
Dans deux jours, tous leurs lieux préférés au monde vont rouvrir, d’un coup, en même temps. Et la liste de leurs envies est immense: «On ira au Musée des transports à Lucerne!», lance l’aîné. «Ouiiii, et puis aussi au Gurten à Berne, au zoo de Bâle, à l’accrobranche de Chaumont, à la luge d’été à la Robella, à la piscine du Landeron et même aux mines d’aspalphte», poursuit le petiot, surexcité. «Les mines d’as-ph-alte», je corrige, déjà exténuée par la simple évocation de leur programme.
Et moi qui me voyais plutôt flâner sur les terrasses des bistrots en sirotant des spritz et des mojitos. Je tente de freiner leurs ardeurs: «Mais ces lieux ne vont pas disparaître d’un seul coup, on aura le temps d’y aller, à petite dose!» Les bambins balaient mes arguments: «Et s’il y a une deuxième vague de coronavirus, hein? C’est maintenant qu’il faut profiter!»
Je sens que cet été, ça va déménager. A moins d’élaborer une stratégie de survie, aussi crédible que possible et aussi mensongère que nécessaire. J’annonce donc, d’un ton solennel: «Malheureusement, le Musée des transports a été victime d’une inondation qui l’empêche d’accueillir ses visiteurs.» Dans le pot de chambre de la Suisse, c’est plausible, non?