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"Splendeurs inaccessibles": L'air du temps de Virginie Giroud

"Surmonter ta peur, tu réussiras, à condition de ne pas rebrousser chemin."

29 août 2019, 05:30
AirDutemps-VirginieGiroud

«Maman, t’inquiète pas, c’est pas si haut!», m’assure mon aîné en s’approchant du ravin. Le sentier de randonnée traverse un pierrier et serpente à flanc de montagne... tout comme j’adore! Collés contre moi, mes chérubins me serrent la main et cherchent à me rassurer: «Tu vas y arriver. Regarde pas en bas si t’as le vertige.» Le monde à l’envers: deux bambins qui tentent de tranquilliser leur mère phobique, tantôt en lui glissant des mots doux, tantôt en lui racontant des blagues de Ouin-Ouin. Montrer l’exemple. Rester digne. 

Au bout du pierrier, le sentier s’élargit. Epreuve surmontée: «Bravo maman, t’es trop forte!», applaudissent mes trésors, en chœur. Je saisis l’occasion de mon exploit pour glisser à mes garçons la leçon de la journée: «Surmonter ta peur, tu réussiras, à condition de ne pas rebrousser chemin.»

Devant nous, la gare de la Petite Scheidegg se dessine, prise d’assaut par une horde de touristes asiatiques. Les trains qui grimpent à l’observatoire de la Jungfrau à un rythme incessant sont bondés d’Indiens et de Japonais. Mais pas l’ombre d’une famille helvétique. «Pourquoi on n’y va pas, nous?», s’étonnent les chérubins. En guise de réponse, j’emmène mon aîné au guichet et lui montre le tarif d’un aller-retour à la gare la plus haute d’Europe. Il déchiffre lentement, surpris: «156 francs par personne?» Oui, il a bien lu. La deuxième leçon de la journée: «Rebrousser chemin, tu devras, car notre chère Suisse a ses splendeurs que l’Helvète commun ne connaît point.»

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