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«Souvenir de vacances», l’Air du temps de Vincent Costet

Découvrez la chronique de Vincent Costet, ou quand le regard s’abîme devant le paysage.

06 août 2019, 05:30
AirDutemps-VincentCostet

De la pointe de Pen-Hir, la Bretagne se jette dans la mer d’Iroise, autant dire dans l’océan, pour un plongeon dans les abîmes.

Sur ce dernier promontoire, on débarque après la chaude agitation du jour, à contre-courant, quand le flot fatigué des touristes se retire. Ce soir, sous les nuages flotte un sentiment vague. On ne verra pas le soleil fondre à la ligne de l’horizon. Bientôt ici, les pierres resteront seules.

Du haut de la falaise, on risque un pas au bord du précipice. Crispé, le regard glisse dans le vide. Tout en bas, les vagues remplissent le silence. Puis l’imagination se perd au large, mais elle revient pressée, comme un nageur que la nuit va surprendre. Le tapis de houle charrie le murmure de vieux naufrages. On dirait là le bord du monde.

Le lieu est un repaire de goélands. L’oiseau capte et soulève les regards, il les détourne sans bruit, sans effort. Et son vol circulaire fatalement les ramène de la mer à la terre. Mais déjà ce paysage n’a plus rien d’inquiétant. On dirait qu’il a toujours été. Tranquille et sans vent.

Ces dentelles de pierre ne seront pourtant qu’un bref instant, vite englouti dans le magma de l’évolution. L’humain, ses guerres, ses usines et ses fusées ne seraient donc qu’une fugace illusion. Devant cette falaise, porte grande ouverte sur la beauté du monde, le vertige de la chute programmée qu’on annonce s’impose avec la force de l’évidence.

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