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«Science miction», l’air du temps de Luc-Olivier Erard

Une mauvaise idée qui tombe entre de bonnes mains vaut mieux qu’une bonne idée qui choit dans des mains sales.

08 nov. 2019, 05:30
AirDutemps-LucolErard

«Dites-nous comment votre innovation va changer le monde!» Cette injonction, c’est l’armature d’un bon «pitch». Les «pitchs», ce sont ces présentations brèves d’un projet, que les bébés entrepreneurs dégainent à chaque fois que leurs cellules nasales détectent la subtile combinaison d’Alpenbitter, cigare et sueurs froides trahissant la présence d’un investisseur en capital-risque.

Et changer le monde, c’est quoi? Au choix, éradiquer la malaria, stopper le réchauffement climatique ou supprimer les inégalités sans réformer le capitalisme. Des promesses qui s’adressent à des investisseurs a priori vertueux. Mais est-ce toujours le cas? Evidemment non.

Exemple: Hallpass, une application destinée aux écoles primaires américaines. Elle remplace le billet qu’un enseignant tend à l’enfant pour l’autoriser à sortir de la classe lorsqu’il doit satisfaire un besoin naturel. Outre l’économie représentée par la suppression de ce papier-toilette propre aux Yankees, l’app’ signale à l’enseignant si d’autres élèves sont déjà en pause-pipi, afin d’éviter que des élèves ne se croisent dans les couloirs.

Ce que les écoles n’ont pas dit, c’est que l’application est capable de calculer la durée et la fréquence des mictions et signale à l’administration scolaire toute anomalie. Une entorse à la vie privée des mômes qui a révolté les parents. Pour éviter toute déconvenue de ce type, je suggère: «Dites-nous comment votre innovation changerait le monde si d’aventure elle tombait entre les mains d’un crétin.»

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