Elle est difficile, mais je la trouve magnifique, malgré son côté parfois étrange et illogique, comme lorsqu’elle permet à un employé incompétent d’être remercié par son patron.
La langue française véhicule son lot de bizarreries. Jusqu’au 17e siècle, l’expression «sans doute» était limpide: il n’y avait… pas de doute! Paradoxalement, l’usage en a fait un synonyme de «peut-être», forçant les locuteurs à préférer «sans aucun doute» ou «sans le moindre doute» pour remuscler le sens de la formule.
Autre incongruité: l’adverbe «sûrement», dont le côté péremptoire a également glissé vers une acception teintée d’incertitude. Offrant a priori davantage de garanties, «certainement» doit lui-même être renforcé en «très certainement» pour tenter de dissiper une évidente ambiguïté.
La météo me dit que le temps sera certainement sec ce week-end? Super. Je vais quand même prendre un K-way pour partir en rando. Et pour être sûr de ne pas l’oublier, je vais le mettre dans mon sac à dos «tout de suite». Comprenez, dans un petit moment…
Oui, j’adore la complexité de cette langue française qui fait de «guérison» l’anagramme du mot «soigneur», et qui recèle quelques mots – oiseaux, anchois, chouchou – que l’on dit sans prononcer une seule de leurs lettres. Qui autorise aussi ce genre de dialogues absurdes:
- Je ne partage pas du tout votre avis.
- Tant mieux. C’est la preuve que nos avis sont partagés.